"La crise sanitaire qui nous a pris de court nous a permis de jauger nos capacités d'intervention, comme elle a aussi révélé certaines défaillances à l'échelle locale", nous dit l'édile de Jijel. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la crise de coronavirus ? Messaoud Mati : Pris de court à l'éclatement de cette pandémie, nous avons par la suite anticipé par l'installation d'une commission sanitaire en faisant impliquer le bureau communal d'hygiène (BCH), ce qui nous a permis de lancer une campagne de sensibilisation à travers l'ensemble du territoire de notre commune. Parallèlement, nous avons mené des opérations de désinfection, et surtout nous avons investi dans le volet prévention en collaboration avec les associations locales. Nous avons également installé une cellule communale avec des représentants de plusieurs organismes, dont les services de sécurité, du commerce, de la santé, que nous avons chargée du suivi de l'évolution de la situation de cette crise. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus ? Quel a été leur rôle ? Evidemment. Le citoyen s'est impliqué dans la lutte contre le coronavirus par le biais des associations que nous avons contactées à l'effet de faire face à cette situation exceptionnelle. Au nombre de 54, les associations de quartier que nous avons installées nous ont été d'un précieux concours, notamment dans la gestion de la crise de la semoule et dans le volet de la sensibilisation. Finalement, cette crise nous a permis de réorganiser la société civile en la faisant impliquer dans tout ce qui a trait à la gestion de cette situation, notamment dans la distribution des aides alimentaires pendant le mois sacré du Ramahan, de masques de protection et dans la désinfection des quartiers, des services publics et autres établissements publics. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune en lui accordant de larges compétences pouvant lui permettre de mieux gérer les affaires publiques ? La question est très importante dans la mesure où elle nous permet d'évoquer les compétences du maire à gérer pareilles situations. C'est vrai qu'au début tout était centralisé et les recommandations et les instructions venaient d'Alger, après, des prérogatives ont été attribuées aux walis pour juger et gérer la situation à leur niveau, et enfin le P/APC est venu au dernier moment, mais cela ne nous a pas empêchés de prendre certaines décisions, comme par exemple la fermeture des terrains et des aires de jeux. Bien sûr que cette pandémie a révélé certaines défaillances dans sa gestion, bien évidemment aussi, à l'échelle locale, et nous ne faisons pas exception à ce constat. Cela dit, au vu de ce qu'on a vécu et de ce que nous vivons encore, j'aurais souhaité voir s'installer une commission scientifique au niveau local. La crise est sanitaire, il lui faut donc des scientifiques et des médecins pour intervenir et orienter le citoyen et le sensibiliser. Sinon, donner plus de prérogatives au maire est toujours le bienvenu pour gérer sa commune selon ce qui détermine ses propres spécificités. Comment envisagez-vous le devenir de votre commune après la pandémie ? Ce qui est sûr, c'est que cette crise a éveillé des consciences. Elle nous a permis de jauger nos capacités d'intervention pour faire face à des situations similaires. À l'avenir, nous serons mieux armés, ce qui est une certitude. Cette pandémie nous a aussi permis d'envisager comment affronter ces situations exceptionnelles qui n'étaient pas dans nos plans. Gérer une pandémie de cette envergure ne peut être qu'une expérience pour nous. À l'avenir, l'approche de la gestion d'un tel contexte serait sûrement différente.