Le CHU d'Oran a été secoué, samedi dernier, par le scandale de la permutation des cadavres de deux personnes déclarées mortes de la Covid-19, ce qui a suscité la colère des proches des deux défunts et amplifié la peine provoquée par les pertes. L'erreur a été découverte lorsque le fils de Baghdadi Youcef – décédé après avoir été transféré depuis Mohammadia, wilaya de Mascara, pour suspicion de coronavirus – a insisté pour voir son père avant qu'il ne soit enterré au cimetière d'Aïn El-Beïda. Selon le protocole de sécurité, il est, en effet, interdit de transférer les dépouilles des victimes du coronavirus dans leurs wilayas de résidence, l'établissement hospitalier étant chargé de leur enterrement au cimetière d'Oran en présence de quelques membres de la famille. À la stupéfaction générale, l'ouverture du cercueil a révélé le cadavre d'une femme au lieu de celui de feu Baghdadi. Une fois la surprise passée, les proches du défunt ont signalé l'erreur aux responsables de la morgue qui ont été incapables de l'expliquer. Après de multiples recherches et vérifications, sous la pression de proches ulcérés par cette grave négligence, les responsables de la morgue ont réalisé qu'ils ont probablement "remis" à la famille de la défunte le corps de Baghdadi, enterré dans la matinée au cimetière d'Aïn El-Beïda. Une thèse que les proches de Baghdadi, sous l'effet de la colère et de la douleur, ont mise en doute, exigeant que le cercueil en question soit déterré afin de vérifier l'identité du mort. "Qu'est-ce qui prouve que ce n'est pas une tierce personne qui a été enterrée à la place de cette dame... S'il le faut, nous allons nous-mêmes exhumer la dépouille pour vérifier que c'est bien celui du défunt", ont-ils insisté alors que les responsables venaient de leur répondre qu'il était interdit de déterrer le corps d'une victime de la Covid-19 avant trois ans. Entre-temps, le fils de la femme découverte dans le cercueil de Baghdadi (censé avoir enterré sa maman le matin même) a été appelé afin d'identifier sa mère. Arrivé à la morgue, l'infortuné a constaté l'erreur et s'est rendu compte qu'il devait enterrer sa mère une "seconde fois". Au cimetière d'Aïn El-Beïda, où il a été procédé à l'inhumation de la défunte en fin de journée, la tombe où Baghdadi Youcef était censé se trouver a été montrée au fils et aux proches du défunt. "Votre père est enterré ici... souvenez-vous de l'emplacement... les auteurs de cette erreur en rendront compte...", a indiqué un policier en civil (aux lieu et place d'un responsable des services sanitaires), présentant ses condoléances à la famille en réussissant manifestement à calmer leur colère. Dans un texte rendu public dans la soirée sur sa page Facebook, la cellule de communication du CHU d'Oran a reconnu la faute et présenté les excuses de l'hôpital ainsi que celles du chef de service de médecine légale pour une "grave erreur" commise sous la "formidable pression" exercée par la pandémie de Covid-19. Il reste à savoir si une enquête sera ouverte pour déterminer les causes exactes de cette négligence et si des mesures seront prises pour éviter la réédition d'un pareil épisode.