Devant le juge qui le confrontait à des documents contenus dans le dossier judiciaire, l'homme d'affaires nie avoir contracté un crédit bancaire de l'ordre de 27 000 milliards de centimes pour le projet Hyundai. Le procès du patron de Cima Motors, Mahieddine Tahkout, s'est poursuivi hier pour le deuxième jour consécutif au tribunal de Sidi M'hamed avec l'audition dans la matinée de l'ex-ministre des Transports, Abdelghani Zaâlane, en sa qualité également d'ancien wali d'Oran. Abdelghani Zaâlane est accusé d'avoir privilégié Mahieddine Tahkout pour remporter un marché de location de bus avec chauffeur, auprès de l'Entreprise publique de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa). Sur ce volet, l'ancien haut responsable s'est expliqué devant le juge. "Nous avions besoin de bus supplémentaires pour couvrir les besoins de la wilaya d'Alger et d'Oran, vu le nombre d'opérations de relogement. Mais à cause de la crise financière, le pays n'avait pas les moyens d'acheter de bus neufs. Il était pour nous plus rentable de louer. Le wali Abdelkader Zoukh a exprimé un besoin de 160 bus de transport urbain, mais nous avons donné notre accord uniquement pour la location d'une centaine car, entre-temps, une entreprise nationale nous a fourni 70 bus". Et d'ajouter : "Je n'ai aucun lien avec Tahkout et d'ailleurs la réglementation en matière de transactions publiques ne permet pas au ministre d'intervenir pour choisir un opérateur. Le ministre donne seulement son OK pour pallier un besoin exprimé. Il se trouve qu'après plusieurs appels d'offres, Tahkout était le seul soumissionnaire." Appelé à la barre, Mahieddine Tahkout qui se défend d'être un homme d'affaires, préférant l'appellation "d'opérateur économique producteur d'emplois et de richesses", soutient que le marché décroché auprès de l'Etusa a permis à celle-ci "d'économiser dans sa première phase 200 milliards de centimes et au Trésor public 20 milliards de centimes", affirmant que l'entreprise publique lui doit 157 milliards de centimes à ce jour. "Cela fait trois ans que je n'ai pas été payé pour la location de mes bus", dit-il. Le directeur général de l'Etusa, Abdelkader Benmiloud, réplique qu'une clause dans le contrat conclu permet de ne pas payer 15% des redevances en guise de garantie d'assurer jusqu'à son terme la prestation de service. Là, le juge l'interpelle : "Vous avez obtenu un marché de 770 bus à Alger, n'est-ce pas énorme ?" Tahkout répond : "Nous assurons cinq à six tournées dans les différents axes par jour même les jours fériés." Interrogé sur ses affaires dans le domaine du transport universitaire, il indique que sur soixante appels d'offres, il en a remporté douze ces dernières années. "Il y a dans le pays 266 opérateurs dans le domaine du transport universitaire, mais je fais toujours l'offre la plus intéressante qui a abouti au transport de plus d'un million d'étudiants par jour". Le DG des œuvres sociales universitaires explique à son tour qu'il était impossible de faire un cahier des charges unique pour toutes les directions universitaires. Concernant le scandale du montage automobile, Mahieddine Tahkout répond : "On a dit que je me contentais de gonfler les pneus dans mon usine d'assemblage d'automobiles à Tiaret, mais la commission interministérielle dépêchée par le Premier ministre Abdelmalek Sellal en 2017 a constaté que c'était faux. " L'homme d'affaires nie également avoir contracté un crédit bancaire de l'ordre de 27 000 milliards de centimes pour le projet Hyundai devant le juge qui le confrontait à des documents contenus dans le dossier judiciaire. "Je n'ai sollicité aucun crédit bancaire, tous mes projets sont financés sur fonds propres. Je suis dans le domaine de l'automobile depuis 1988 à travers des usines de soudure et de fabrication de fauteuils à Tiaret et d'échappement et de plastique à Tissemsilt". À la question du juge de savoir pourquoi le groupe Tahkout a bénéficié d'exonération fiscale dans le cadre de ses différents projets, un responsable à la Direction des impôts révèle : "On n'a fait qu'appliquer les directives de l'Agence nationale du développement de l'investissement." Sur le projet Suzuki, Mahieddine Tahkout affirme que l'apport du partenaire étranger était de l'ordre de 26 millions de dollars. "Suzuki s'est engagée devant la Banque d'Algérie à investir à terme dans le pays 200 millions de dollars ; le CNI avait donné son aval pour ce projet mais quand Ouyahia est revenu au pouvoir il l'a bloqué. Demandez à l'ex-ministre Youcef Yousfi de vous rapporter les griefs des autorités et députés japonais après le blocage de ce projet". Le fils Bilal Tahkout soutient que son père lui a viré en 2003 sur son compte bancaire personnel un million de dinars mais qu'à ce jour son solde est de 41 000 DA. Il réfute aussi d'avoir exercé sur le wali d'El-Bayadh des pressions pour avoir un terrain agricole de 8 000 hectares sollicitant une confrontation avec ce dernier. Le père précise qu'à El-Bayadh, la famille prévoyait de cultiver des noisettes en partenariat avec les Iraniens, mais que le projet a été par la suite abandonné.