La mise en détention provisoire de Mahieddine Tahkout, lundi matin, par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, a eu pour effet direct une paralysie totale du transport universitaire à Alger et dans d'autres wilayas du pays où l'intéressé détient l'exclusivité du transport des étudiants. A Alger, plusieurs lignes de l'Entreprise publique de transport urbain et suburbain d'Alger (ETUSA), desservies par des bus loués chez Tahkout, ont été également paralysées hier. Le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed (Cour d'Alger) a ordonné, lundi, le placement en détention provisoire de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout et de membres de sa famille. Ils sont suspectés d'implication dans plusieurs affaires liées à l'obtention d'indus privilèges dans les secteurs du transport universitaire et l'industrie automobile, selon l'APS. La comparution de Tahkout s'est accompagnée de celles de responsables de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU) et du ministère des Transports dans l'affaire liée au transport universitaire dont l'intéressé détient un quasi-monopole dans plusieurs wilayas. Dans l'affaire liée à l'industrie de montage automobile, Tahkout, patron de CIMA Motors, comparaît avec des cadres du ministère de l'Industrie et de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI). A noter que l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l'ex-wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, et l'ancien ministre des Transports, Boudjemaa Talaï, ont également comparu dimanche en qualité de témoins dans ces affaires. L'annonce de la mise en détention provisoire de Mahieddine Tahkout a eu comme conséquence directe hier le blocage du transport universitaire à Alger et dans d'autres villes, dont Boumerdès, Tipasa, Blida et Sétif, mais aussi de plusieurs lignes de l'ETUSA reliant des quartiers populaires. Tôt dans la matinée d'hier, à Tafourah et dans les cités universitaires d'Alger, les étudiants étaient étonnés par l'absence totale des bus de Tahkout. Les plus lésés étaient ceux dont le transport vers leurs universités dépendait exclusivement de l'ONOU. Même constat concernant les lignes de transport urbain et suburbain de l'ETUSA utilisant les bus (et les chauffeurs) de Tahkout. Aux Eucalyptus, à Dergana, et Rouiba, aucun bus de l'ETUSA n'était en circulation hier, laissant probablement des milliers d'usagers en attente et sans explications. Il faut noter qu'en plus du transport universitaire, Tahkout fournit plusieurs centaines de bus avec chauffeurs à l'ETUSA depuis 2016. Selon des images ayant circulé hier sur Facebook, à Sétif, des travailleurs de Tahkout ont affiché des pancartes annonçant leur démarcation du blocage des bus par les responsables de l'entreprise. « Nous travailleurs du Groupe Tahkout de la wilaya de Sétif, nous ne sommes pas solidaires du nommé Tahkout. Nous ne sommes pas en grève, mais nous avons été empêchés de sortir les bus du parking. Nous sommes solidaires du Hirak », pouvait-on lire sur plusieurs pancartes de fortune rédigées sur des bouts de carton.