Le personnel médical de la wilaya de Tizi Ouzou, a investi, depuis avant-hier, la place publique, en blouse blanche, pour sensibiliser la population sur la nécessité de continuer à respecter les mesures barrières et tirer la sonnette d'alarme quant à la gravité de la situation épidémiologique due à la Covid-19 dans la région. Ce sont, en effet, des hospitaliers aussi inquiets que désemparés, qui se sont succédé au micro sur la place de l'ex-mairie du centre-ville de Tizi Ouzou pour demander à la population de continuer à observer les gestes de prévention. "Si nous sommes venus sur la place publique, nous savons que nous n'avons rien à vous apprendre sur les mesures barrières que vous connaissez tous, mais c'est plutôt pour lancer un appel de détresse, et si je vous le dis, je sais pertinemment de quoi je parle", a lancé, d'emblée, Hami Samira du service Covid-19 de l'hôpital d'Azazga qui a participé à cette action initiée par la direction de la santé, dans le cadre d'une large campagne décidée par la wilaya. L'oratrice s'est adressée ensuite directement à ceux qui continuent à faire dans le déni de la réalité en refusant de croire à l'existence de ce virus et à la gravité de la situation. "Je sais que vous doutez et pour cela, je vous invite juste à vous déplacer dans les hôpitaux de la région. À l'hôpital d'Azazga, nous sommes déjà saturés. Nous n'avons pas les moyens d'y faire face, la seule arme que nous avons, c'est le respect des mesures sanitaires. Nous sommes en été et c'est une chance pour minimiser les dégâts. De grâce, cessez de vous rassembler, annulez vos fêtes et cessez de rendre visite à vos proches. Cessons de prendre la situation à la légère si nous ne voulons pas avoir des regrets et des remords", a-t-elle argumenté, ajoutant à l'endroit de ceux qui doutent des chiffres de la contamination que la réalité devrait être encore plus grave. Aux yeux des hospitaliers, ce qui est encore plus écœurant, c'est surtout d'observer un tel relâchement dans un contexte aussi grave, alors que les mesures à respecter sont des plus simples. "Je ne vous demande pas de renoncer à la normalité de votre vie quotidienne, car nous devons apprendre à vivre avec ce virus, mais vous n'avez rien à perdre en respectant les mesures nécessaires, à savoir porter un masque et respecter les distanciations nécessaires. Le déconfinement nous permet de reprendre normalement notre vie quotidienne, mais il ne signifie nullement la disparition du virus pour abandonner les mesures barrières", a plaidé l'un d'entre eux. Pour sa part, le professeur Salah Mansour, chef du service de médecine interne, a affirmé sur les ondes de la radio locale que "depuis le déconfinement, le CHU de Tizi Ouzou a reçu beaucoup de patients en consultation Covid" . "Dans le service de consultation Covid, nous avons de plus en plus de mal à faire face", a-t-il encore précisé, non sans souligner que "l'épidémie n'est pas dangereuse de par sa gravité mais de par la surcharge des structures de santé, parce qu'il peut y avoir des cas graves qui ne pourront pas être pris en charge".