Bouziane Benachour récidive. Mais cette fois avec un nouveau roman. Nouveau au sens le plus plastique du terme. L'auteur de Dix années de solitude et de Sentinelle oubliée change carrément de planète, de décor, de terroir et bien sûr d'histoire. Avec Hogra, qui vient de paraître, notre confrère plante ses personnages et son intrigue dans le tissu urbain même d'Oran et sa périphérie. En fait de périphérie, un douar, qu'il appelle affectueusement Sidi Béchar mais qui n'est vraisemblablement que Sid El Bachir, l'appendice du chef-lieu. Même les noms propres de ces héros respirent l'Ouest et le taillis de l'Oranie à pleins poumons : “Boussoir, guigua, Derdba, Zaârour” Mais au-delà de la trame d'une histoire typiquement algérienne, made in bladna, qui met aux prises des citoyens ordinaires, y compris l'adjudant de brigade, l'auteur fait preuve dans ce livre d'un réel talent de conteur — une flèche qui manquait jusque-là à son arc. Benachour écrit avec un réel bonheur. L'ouvrage se lit d'un trait, d'un seul. Le style est limpide, le langage incisif. On le parcourt jusqu'au bout, comme un polar, sans marquer de pose. Un grand écrivain est peut être en train de naître.Nous le saluons. M. MOHAMMEDI