Les chefs de famille accordent une attention particulière pour le rituel, même si les avis restent partagés entre ceux qui souhaitent son maintien et ceux qui y émettent des réserves. Depuis l'apparition de la pandémie de coronavirus, toutes les activités commerciales sont reléguées au second plan, hormis celles liées aux produits de première nécessité. Néanmoins, au fur et à mesure que les jours s'égrènent et que l'Aïd El-Adha se rapproche, un autre sujet s'illustre, celui de l'achat du mouton. En effet, depuis près d'une semaine, les chefs de famille manifestent une attention particulière pour le rituel, même si les avis restent partagés entre ceux qui souhaitent le maintien de cette tradition et ceux qui émettent des réserves au vu des circonstances actuelles de crise sanitaire. Toutefois, en cette période exceptionnelle, les éleveurs, les maquignons et les intermédiaires sont entrés en scène et s'imposent dans toutes les transactions. Certains chefs de famille spéculent sur l'annulation de cette fête car n'étant pas en mesure financièrement de répondre aux exigences de leurs enfants et d'accéder à leur vœu qui consiste en l'achat du mouton. L'année passée, à pareille époque, la création des points de vente des moutons dans presque les toutes les communes dominait et une animation particulière était recensée au niveau des marchés aux bestiaux. Néanmoins, si les circonstances du coronavirus ont incité les autorités locales à opter pour la prudence en interdisant la création de points de vente sauvages et en tenant fermés les marchés aux bestiaux, les opérations d'achat se déroulent dans les étables, les écuries et les enclos qui abritent les moutons des éleveurs. Ainsi, les maquignons mettent à profit cette aubaine pour placer la barre très haut et imposer les prix des moutons destinés au sacrifice cette année, ce qui constitue un véritable paradoxe. En dépit de l'abondance de la nourriture et les pâturages couverts d'herbe en cette période estivale, les prix demeurent inaccessibles. "Tant qu'il y a des pâturages, on débourse moins, on n'est pas contraints de vendre toutes nos bêtes ; du coup la demande dépassera l'offre, chose qui fera grimper les prix", a révélé un maquignon de la région de Mascara. Certes, les dernières précipitations ont fait flamber les prix du mouton de l'Aïd et le sacrifice semble être hors de portée du simple salarié pour cette année. "À une dizaine de jours de l'Aïd, le mouton est très cher. Il va falloir attendre la veille de l'Aïd pour en acheter", a déclaré un père de famille. Un agneau d'une dizaine de kilos, qui valait l'année dernière 30 000 DA, a été cédé ces derniers jours à 50 000 DA. Pour le mouton, les prix sont intouchables. Ils varient entre 60 000 et 80 000 DA. Cette hausse est justifiée, d'une part, par la cherté des aliments pour bétail pour les éleveurs qui engraissent leurs ovins destinés à la vente et, d'autre part, attribuée aux spéculateurs qui, comme à l'accoutumée, profitent de cette occasion pour s'enrichir. "Au mois de mai dernier, j'ai acheté une dizaine de petits agneaux à raison de 10 000 DA chacun. Je les ai engraissés durant 3 mois dans un garage. Ce matin, je suis parvenu à vendre trois agneaux à plus de 50 000 DA la tête à un autre revendeur qui sans doute les vendra à plus de 55 000 DA", nous a déclaré un retraité de son état. Pour le pauvre citoyen, il reste à espérer une possible accalmie la veille de l'Aïd, mais cela relève surtout du tempérament des maquignons et autres spéculateurs.