Pour échapper à la colère de la foule composée d'une trentaine de personnes, le directeur n'avait d'autre choix que de prendre la fuite et de quitter son bureau en se jetant d'une hauteur de près de quatre mètres. L'insécurité règne en maître à l'hôpital Mohamed-Boudiaf de Bouira. Outre le risque d'être contaminé par le virus, le personnel est constamment exposé à l'agression verbale et physique des accompagnateurs des malades. La dernière victime en date de l'agression est le premier responsable de l'hôpital, Djamel Boutemeur. Hier, le personnel soignant et administratif de cette structure de santé a exprimé sa colère face à ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Il a organisé un sit-in dans l'enceinte de l'hôpital pour dénoncer l'agression commise la veille à l'encontre de leur directeur. Le personnel de l'hôpital qui lui a exprimé son entière solidarité a demandé que les conditions de travail soient améliorées au niveau des différents services de la structure de santé. Ils veulent que leur lieu de travail soit sécurisé pour qu'ils puissent exercer leur métier en toute sécurité. "Nous sommes ici à l'hôpital depuis cinq mois à lutter contre la pandémie de la Covid-19. Nous voulons être protégés pour pouvoir protéger et soigner les citoyens. Nous avons toujours réclamé la sécurité dans cet établissement", a déclaré un paramédical. Quant à l'agression dont il est question, elle a eu lieu avant-hier vers 16h, quand des personnes ont tenté d'investir le bureau du directeur de l'hôpital. Il s'agit des membres de la famille d'une femme qui est décédée du coronavirus. Ils voulaient à tout prix la faire sortir avant l'arrivée des résultats PCR de l'Institut Pasteur d'Algérie, à en croire la victime de l'agression, jointe par nos soins. Un employé de l'hôpital affirme avoir expliqué aux personnes en question la procédure à suivre pour pouvoir récupérer le corps de la personne décédée des suites du coronavirus et qu'il est interdit de donner une suite favorable à leur demande avant l'arrivée des résultats des analyses. Cela y va de la préservation de la santé publique surtout en ces temps de pandémie. Pour échapper à la colère de cette foule composée d'une trentaine de personnes qui se sentaient menaçantes, le directeur n'avait d'autre choix que de prendre la fuite et quitter son bureau en se jetant d'une hauteur de près de quatre mètres. Le directeur s'en est sorti avec une fracture du pied. Il faut souligner que les bagarres sont légion à l'hôpital ces derniers jours. D'ailleurs, avant-hier, le directeur a été obligé de réquisitionner la police pour faire sortir de son bureau les proches d'une femme décédée du coronavirus. La section du Syndicat national des paramédicaux (SAP) de l'EPH a décidé la suspension jusqu'à nouvel ordre des sit-in périodiques prévus chaque mardi, et ce à la suite de l'agression dont a fait l'objet le premier responsable de l'EPH. La direction de la santé, de son côté, a tenu à dénoncer fermement hier sur sa page facebook, ces agressions irresponsables contre le personnel de la santé. Il faut noter que ces dernières années, le personnel soignant de l'hôpital a dénoncé à maintes reprises les cas d'agression à l'encontre des médecins et paramédicaux. Sauf que tous les appels de détresse du personnel de l'EPH semblent rester sans écho. Ali CHERARAK