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Comme un éclair !
Lettre de l'îlot
Publié dans Liberté le 15 - 09 - 2005

À chacune de nos projections-débats, de nos conférences, il s'est toujours trouvé quelqu'un pour nous poser cette question fatidique : “Et vous, ferez-vous un film un jour ?” Notre réponse a toujours été la même, sincère : “Non. La réalisation, c'est bien trop difficile.” Il est, en effet, si compliqué de faire un film. Le réalisateur, cet homme-orchestre, doit gérer à la fois l'argent, le matériel, l'espace, le temps, les mots, les hommes et surtout les sentiments. C'est, à notre avis, énorme pour un seul homme. À défaut de pouvoir réaliser un film, nous tenterons, aujourd'hui, de mettre sur papier un projet de film. Ce film serait un court métrage, six minutes à peine. Il se tournerait dans un seul lieu, une boulangerie belle et accueillante. Avouons-le, cette idée nous est venue grâce à une vieille chanson qui nous tourne dans la tête de temps à autre.
Derrière le comptoir se tient une jeune fille, plutôt une adolescente, pas trop grande, des cheveux clairs, assez longs, qui frisent légèrement, des joues rondes avec quelques taches de rousseur. À l'aise dans son tablier parfaitement blanc, elle sert avec gentillesse les clients. Ses mains de magicienne sont d'une rapidité étonnante. Tout autour d'elle, les pains, grands et petits, les croissants du matin et les nombreuses pâtisseries enchantent les lieux, embaument l'atmosphère de parfums agréables. Toute à son travail et à ses gestes, elle surveille attentivement la porte d'entrée. Elle attend avec impatience l'arrivée d'un client quotidien qui achète régulièrement un éclair et le mange, ou plutôt le dévore, dès qu'il le reçoit. Ce jeune homme, grand et élancé, à la coupe de cheveux militaire, en jeans-baskets, a cette particularité de porter des t-shirts amples et de couleur différente chaque jour. Ses grands yeux bordés de longs cils lui donnent un regard doux et velouté. Notre boulangère a beau le recevoir, chaque matin, avec un sourire éclatant, notre jeune homme ne réagit pas. Une fois son gâteau avalé, il froisse soigneusement le sachet avant de le jeter dans la poubelle, puis il dit au revoir à voix basse et sort. La charmante demoiselle a tout de même remarqué, à deux ou trois reprises, qu'il tâtonnait dans l'assiette pour ramasser sa monnaie. Un beau matin, elle prend son courage à deux mains pour mettre dans le même sachet, en plus de l'éclair, une paire de lunettes de vue. Etonné et surpris dans un premier temps, le jeune homme, une fois son trouble dissipé, incline légèrement la tête pour chausser calmement les lunettes. Ensuite, il relève tout doucement la tête, les yeux mi-clos, en proie à une légère angoisse. Puis, il ouvre complètement les yeux et, soudain, tout se transforme devant lui. La brume habituelle disparaît, le flou se dissipe, les couleurs des pains, des croissants et des gâteaux sont éclatantes, les miettes de pain dessinent sur le comptoir des formes inimaginables. Et, surtout, la boulangère paraît telle qu'elle est : gracieuse et belle, ses taches de rousseur sont plus marquées, ses cheveux plus ondulés et son sourire encore plus éclatant. C'est un éclair foudroyant ! Notre jeune homme en est totalement troublé. Il promène son regard dans tous les sens pour enfin l'arrêter sur le beau visage de la jeune fille. Après une courte attente, un moment d'hésitation, il cligne des yeux et, à son tour, il sourit. Fin.
Quelques informations techniques sont indispensables pour traduire notre idée, certes, simple et naïve, nous en convenons. Notre film doit être tourné en 35 mm, pellicule noir et blanc, avec caméra fixe, en respect d'un découpage de douze plans-séquences de 30 secondes chacun : 6 plans pour la fille, 5 pour le garçon. Exception pour le plan final : lorsque tout s'éclaire, tout s'illumine, la caméra décrit un panoramique de 360°, en couleur cette fois-ci, et pourquoi pas en cinémascope, comme aurait dit Zinet !
Notre film gagnerait encore en intensité s'il était tourné à la manière de Jean Renoir dans La petite marchande d'allumettes, pour rendre plus palpables l'atmosphère, l'émotion, la beauté des lieux et surtout celle des personnages.
Mais, arrêtons de rêver ! Nous vivons dans un pays où le cinéma est loin d'être roi et nous savons, hélas, que notre film n'existera jamais. Alors, plutôt qu'un film, nous nous permettons de vous proposer un livre. Bien réel celui-là, il ne nous éloigne pas trop de notre rêve puisqu'il a pour titre Un jour, un film.
B. K.


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