La célérité dans la programmation du procès en appel des activistes de Timimoun à 48 heures de leur libération inquiète les avocats. Ils requerront le report de l'audience. L'Union nationale des ordres des avocats a rappelé, hier, dans un communiqué rendu public, que les droits de la défense sont consacrés constitutionnellement. "C'est un droit sacré du citoyen et non pas un privilège accordé aux avocats", a relevé l'organisation. Elle a souligné que le refus "de certaines juridictions de reporter le procès, à la première audience sur requête des avocats, est une violation flagrante des droits de la défense, consignés dans l'article 351 du code de procédure pénale". Plus explicitement, elle estime "inconcevable de tenir un procès en appel avant l'expiration des délais réglementaires du recours". La mise au point de l'Union nationale des barreaux d'Algérie fait écho à une action de dénonciation du Collectif de défense des hirakistes, la veille. Ce dernier a réagi vivement à la programmation du procès en appel à la Cour d'Adrar de deux activistes du Hirak, Yasser Kadiri et Ahmed Sidi-Moussa, dix jours à peine après leur procès au tribunal de Timimoun, qui a eu lieu le 22 juillet dernier. La célérité avec laquelle a été prévu ledit procès inquiète les avocats. Ils craignent une réédition du scénario Karim Tabbou — sa peine durcie de six mois à une année de prison ferme à quelques jours de sa sortie présumée de la prison de Koléa. Pour cause : condamnés à six mois de détention dont trois mois avec sursis, pour outrage à corps constitués ; atteinte à l'unité nationale ; publication pouvant porter atteinte à l'unité nationale ; atteinte à la personne du président de la République en utilisant des mots humiliants et insulte et diffamation, Kadiri et Sidi-Moussa purgeront leurs peines le 5 août prochain. "Nous sommes convaincus que l'objectif, derrière la rapidité de la programmation du procès en appel des deux détenus d'opinion de la wilaya d'Adrar, est de les maintenir en prison, comme ce fut le cas pour les deux affaires susmentionnées (Karim Tabbou à la Cour d'Alger et Zahir Keddam au tribunal de Chéraga, ndlr)", a averti, ce samedi, le Collectif de défense des activistes. Me Abdelghani Badi, que nous avons joint par téléphone, explique que le délai de recours dans l'affaire des activistes de Timimoun a expiré le 2 août, soit la veille du procès en appel, programmé, au demeurant, sur la base de l'opposition du parquet au jugement rendu en première instance. Echaudés, les avocats ne devaient enregistrer l'appel qu'aux ultimes instants de l'échéance, afin de ne point compromettre la libération de leurs mandants. "Nous allons demander le report de l'audience. C'est un droit", informe notre interlocuteur. Il juge, malgré sa réactivité, le communiqué de l'Union nationale des ordres des avocats assez frileux. "Il fallait exiger l'arrêt des poursuites judiciaires pour délit d'opinion et l'annulation des procès répressives", assène-t-il. L'Union des barreaux a axé son interférence dans le débat sur le respect des procédures et des droits des justiciables. Elle a condamné, à ce titre, "une gestion administrative de la justice qui doit rester indépendante quelle que soit la nature de l'affaire traitée ou l'identité de la personne jugée".