Plus de cinq mois après son retour sur la scène politique, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, est revenue, hier, lors d'un direct du quotidien Le Soir d'Algérie, sur ses neuf mois de détention à la prison militaire de Blida et s'est exprimée plus largement sur l'actualité du pays. Après un round-up de ses multiples séjours dans les cachots en tant que militante politique, Louisa Hanoune a estimé que son incarcération du 9 mai 2019 "s'est produite dans un contexte révolutionnaire, quand la majorité est sortie dans la rue pour dire basta. C'était le point de rupture dans un processus assez long. Des décennies de problèmes, de luttes, de hogra, de privations et de souffrances au bout desquels, le départ du système était devenu l'exigence centrale". Elle sort de cette épreuve, affirme-t-elle, "plus déterminée que jamais à poursuivre le combat". Avec, en prime, "plus de clarté dans les idées. Après neuf mois d'isolement avec pour seule compagnie plus de 250 livres. Je suis sortie en tirant la conclusion que tant que le système n'est pas parti, il y aura toujours de l'arbitraire et des arrestations". Abordant l'avenir, Louisa Hanoune avertit contre la structuration de ce processus. "La pire chose qui puisse se produire est la confiscation du caractère spontané et très large pour imprimer une sorte d'homogénéité. C'est une erreur de le doter d'une direction avec des structures classiques." Elle préconise, plutôt "des comités d'unité et d'action susceptibles de faire avancer les discussions". Mme Hanoune soutient également que le "salut est ailleurs que dans la révision de la Constitution". Et de développer : "La priorité est la sauvegarde des vies humaines et la préservation de la santé du peuple. Le gouvernement doit, en outre, tout mettre en œuvre pour la protection du personnel de la santé. La deuxième priorité est le pain et l'eau pour l'écrasante majorité, confrontée à une détresse sociale qui n'a d'équivalent que la période d'ajustement structurel avec le FMI et la Banque mondiale. La Constitution veut dire la souveraineté au peuple. C'est pourquoi, la priorité, pour nous aujourd'hui, est la prise en charge des questions sociales." Après plus de quatre mois de pandémie, le gouvernement, rappelle-t-elle, a été contraint de reconnaître la gravité de la situation sanitaire, économique et sociale. "Mais il fallait le faire dès le début pour susciter l'adhésion du peuple à sa démarche de lutte contre la pandémie au lieu de se cacher derrière les fanfaronnades", conclut la SG du PT.