Distancé au début dans les sondages d'opinion, le chancelier allemand a progressivement rattrapé son retard pour donner davantage de suspense à ce scrutin qui tient en haleine toute l'Europe. Comptant sur un ralliement à sa cause d'une bonne partie des 30% d'indécis jusque-là, Gerhard Schröder espère coiffer au poteau la nouvelle chef de file de la droite allemande. La bataille s'annonce des plus ardues aujourd'hui entre le Parti social-démocrate auquel sont alliés les Verts de Joschka Fischer et le parti de gauche, d'une part, et l'Union des chrétiens-démocrates, qui bénéficie du soutien de la CSU et du Parti libéral (FPD), d'autre part. Face aux résultats des sondages donnant les deux antagonistes au coude-à-coude, les analystes n'excluent pas que les deux parties finissent ex aequo. Cette hypothèse a poussé certains observateurs à spéculer sur une grande coalition qui réunirait la gauche et la droite, comme ce fut le cas entre 1966 et 1969, lorsque les deux frères ennemis avait formé un gouvernement commun. Ceci étant, l'Allemagne a de fortes chances de se retrouver au lendemain de ces législatives avec une femme au poste de chancelier, pour la première fois de son histoire. Il s'agit d'Angela Merkel, qui a su booster le parti des Chrétiens-Démocrates amorphes depuis la chute d'Helmut Kohl. Sans faire de bruit, cette femme est en passe de devenir la première chancelière d'Allemagne. C'est ce qui arrivera à moins d'un renversement de situation extraordinaire qui remettrait sur les rails Gerhard Schröder. Dans une campagne marquée par un flou tactique et une approche lui permettant d'éviter les pièges de ses adversaires, Angela Merkel a laissé sur sa faim l'électorat allemand, dont un tiers ne s'est pas encore prononcé. Sur un plan personnel, il, y a lieu de noter que des sondages montrent que sa cote de popularité reste en retrait par rapport à celle de Gerhard Schröder. Selon une récente enquête, 47% des électeurs lui préfèrent le chancelier sortant, sa personne ne ralliant que 42% des suffrages. Heureusement pour elle que l'impopularité du Parti social-démocrate (SPD) et le fait que les Allemands désignent un mouvement, et non son dirigeant, devrait peser en sa faveur. Pour rappel, elle a occupé le poste de ministère de la Jeunesse et de la Condition féminine en 1991, puis celui de l'Environnement, en 1994, sous Helmut Kohl. Comptant sur son charisme et sa pugnacité, Gerhard Schröder n'a pas baissé les bras malgré l'écart favorable à sa rivale dans les sondages. Celui que l'on pensait fini, après sept ans au pouvoir, a confirmé sa réputation de “bête de campagne” en volant de meeting en meeting sans laisser paraître la moindre lassitude, ni s'accorder un seul jour de répit. En trois semaines seulement, il réussi l'exploit de réduire de belle manière le retard qu'accusait le SPD dans les sondages. Mieux, aujourd'hui il garde toutes ses chances de conserver son fauteuil de chancelier, pour peu qu'il parvienne à convaincre le tiers d'indécis. Ayant adopté, il y a un an une petite fille russe prénommée Viktoria, Gerhard Schröder ne cesse de répéter que “ce sera soit la victoire, soit Viktoria”, laissant entendre qu'en cas de défaite il aura plus de temps à passer avec sa fille. K. ABDELKAMEL