Selon l'analyse de l'IFP énergies nouvelles (Ifpen), publiée dans son dernier "tableau de bord pétrolier", les prix du pétrole resteront faibles sur le long terme. L'Institut de recherche français évoque des scénarios de prix des compagnies pétrolières à moins de 60 dollars le baril, mais avec des risques de dérive. "De nombreuses compagnies pétrolières ont publié leurs résultats, marqués par des pertes importantes au second trimestre en raison de la faiblesse des cours du pétrole (29 dollars le baril pour le Brent), mais aussi du gaz naturel", relève l'Ifpen. Prenant en compte la possibilité de prix faibles sur le long terme dans un contexte de demande potentiellement inférieure à ce qui était envisagé avant la crise, ces compagnies réévaluent également à la baisse la valeur comptable de leurs actifs. L'Institut de recherche rappelle la décision de Total de réviser les hypothèses de prix sur les prochaines années. Le pétrolier français a retenu, pour le prix du Brent, le scénario équivalent à celui de Shell, soit 35 dollars le baril en 2020, 40 dollars le baril en 2021, 50 dollars le baril en 2022 et 60 dollars le baril en 2023. Au-delà, Total évoque la possibilité d'un "rebond des prix" en raison de "la faiblesse des investissements dans le secteur des hydrocarbures depuis 2015 accentuée par la crise sanitaire et économique de 2020". Toutefois, après 2030, l'entreprise estime que la transition énergétique devrait faire tendre le prix du Brent vers 50 dollars le baril. Selon l'IFP énergies nouvelles, le prix spot du Brent se stabilise autour de 43 dollars le baril. L'Institut de recherche français estime que les dernières statistiques américaines favorisent la stabilité du prix du pétrole. Les stocks américains de pétrole sont en légère baisse. Ce recul, explique-t-il, s'inscrit dans le cadre d'une reprise assez marquée de la demande intérieure qui atteint, désormais, 19,1 millions de barils par jour, inférieure de 1,5 million de barils par jour environ par rapport au niveau historique des deux années précédentes. La production, pour sa part, s'établit à 11,1 millions de barils par jour, un niveau relativement stable depuis début juin. "La baisse de l'activité, mesurée par le nombre d'appareils actifs de forage, n'a donc, pour le moment, qu'un impact assez modéré sur la production", relève l'Ifpen. Le nombre de puits forés dans les bassins de schiste se situe pourtant à un plus bas historique (330 en juin). De plus, les puits en attente, forés mais non productifs, sont relativement peu mobilisés et n'expliquent donc pas la bonne tenue de la production qui, après avoir reculé de 2 millions de barils par jour depuis fin février, semble désormais se stabiliser. C'est le scénario privilégié par l'EIA qui prévoit une production de 11 millions de barils par jour en 2021. L'Institut français de pétrole rappelle que dans le cadre de l'accord Opep+ d'avril amendé en juin dernier, la production de pétrole de l'Opep+ devrait progresser de 2 millions de barils par jour en août pour s'établir à 38 millions de barils par jour contre 36 millions de barils par jour sur les trois mois précédents. "Cette hausse reste, néanmoins, modeste et la production sera encore inférieure de 6 millions de barils par jour environ à ce qu'elle était au 1er trimestre", nuance l'Ifpen. Par ailleurs, ajoute-t-il, la demande mondiale devrait, sous réserve d'un nouvel effet Covid-19, continuer à progresser aux 3e et 4e trimestres, permettant d'absorber sans difficulté ces quantités nouvelles. La hausse limitée de l'offre Opep+ devrait donc permettre de soutenir le prix du pétrole, à moins d'un changement significatif du contexte économique.