Le marché pétrolier est actuellement confronté à de nombreuses contraintes et incertitudes sur l'offre comme sur la demande, estime l'IFP Energies nouvelles (Ifpen), dans une note de conjoncture publiée le 4 juillet dernier. L'ancien Institut français du pétrole relève que le prix du Brent au second trimestre a évolué entre 68 et 80 dollars le baril et à 74 dollars en moyenne, en progression de 6 dollars par rapport au trimestre précédent. L'anticipation progressive d'une réaction Opep/Russie a permis de réduire momentanément la pression liée aux craintes à venir sur l'offre. "Au cours du mois en cours, l'ajustement le plus notable concerne le prix du WTI qui a gagné 12 dollars le baril depuis le 21 juin, pour se situer désormais au-dessus du prix du Brent", estime l'Ifpen, indiquant que la situation américaine résulte essentiellement d'un incident survenu au Canada qui réduit l'offre de 0,36 million de barils/jour. L'arrêt d'un transformateur électrique a entraîné la fermeture d'une unité de production d'huiles lourdes à Fort McMurray, en Alberta, avec une perturbation qui devrait durer tout le mois de juillet. "Cet élément de tensions a été renforcé par une baisse de près de 10 millions de barils des stocks de pétrole américain en une semaine, ce qui représente des quantités journalières importantes de 1,4 million de barils par jour", relève l'ancien Institut français du pétrole. Cette tension américaine intervient alors que la production à venir du Venezuela, de l'Iran et de la Libye "pourrait connaître un tassement significatif", analyse l'Ifpen. Selon l'institut, la déclaration finale de la réunion Opep et non-Opep du 23 juin dernier indique vouloir revenir à une conformité à 100% de l'accord conclu en octobre 2016. Une lecture simple de cette décision conduirait à penser que l'offre Opep devrait progresser de 0,7 million de barils/jour, volume qui correspond à l'écart actuel entre la production et le seuil fixé fin 2016. En intégrant la Russie, un potentiel supplémentaire de 0,3 million de barils/jour semble envisageable si l'on se fie au maximum atteint fin 2016 avant la mise en place des restrictions. "Cela donnerait globalement une offre supplémentaire Opep/Russie d'un million de barils par jour, valeur évoquée avant la réunion", explique l'Ifpen. Cependant, selon ce dernier, "en supposant un retour au niveau de production défini dans l'accord de 2016 pour chacun des pays en mesure de le faire, le potentiel de hausse se situe à 1 million de barils par jour dont 0,5 à 0,7 million de barils par jour pour l'Arabie saoudite et autour de 0,1 million de barils/jour pour les EAU, le Koweït et l'Iraq. Ce total pourrait se révéler insuffisant pour couvrir le recul de l'offre iranienne à partir du mois de novembre, et les baisses envisageables au Venezuela ou en Libye. Un scénario de hausse plus marquée pour l'Arabie saoudite reste, toutefois, envisageable alors que ce pays dispose de 2 millions de barils par jour de capacités excédentaires d'après l'AIE". Par ailleurs, le potentiel américain, déjà pris en compte dans le bilan pétrolier mondial, est bridé par les infrastructures. Selon l'Ifpen, la production américaine joue un rôle important comme facteur d'équilibre du marché et de modération des cours du pétrole. En revanche, elle ne sera pas en mesure, sauf surprise, d'amoindrir les défaillances envisageables d'autres pays producteurs. La moindre défaillance supplémentaire de l'offre, prévoit l'Ifpen, accentuera bien évidemment la pression à la hausse sur le prix du pétrole. La dégradation envisageable du contexte économique mondial pourrait toutefois peser à l'inverse sur le prix. Meziane Rabhi