Le cash en circulation ne revient pas en volumes suffisants vers les agences bancaires et les succursales de la Banque centrale laquelle alimente le réseau postal en liquidités. La persistance des tensions sur les retraits d'argent au sein du réseau postal national découle en partie d'une "diminution sensible des retours des liquidités en circulation vers le circuit légal et les succursales de la Banque d'Algérie", nous affirment des responsables de la sphère bancaire locale. En clair, les difficultés que connaît ces dernières semaines Algérie Poste pour répondre à la forte demande de retraits émanant de sa vaste clientèle de fonctionnaires et de retraités, sont en partie dues à de réelles perturbations dans l'approvisionnement de son réseau d'agences en quantité suffisante de liquidités par la Banque d'Algérie. Au regard du ralentissement généralisé de l'activité économique et commerciale, suite à la crise sanitaire et aux contraintes liées au confinement, "le cash en circulation ne revient plus en volumes suffisants vers les agences bancaires et donc vers les succursales de la Banque centrale", nous expliquent ainsi les mêmes responsables. Ainsi, soulignent ces derniers, durant cette période de restrictions et de confinement, les agences des banques commerciales reçoivent moins de dépôts de fonds de leur clientèle habituelle et en déposent donc moins à la Banque d'Algérie qui, à son tour, parvient moins facilement qu'auparavant à alimenter le réseau postal en liquidités suffisantes pour satisfaire une demande de retraits de cash en très forte hausse ces deux derniers mois. En temps normal, précisent nos interlocuteurs, les sociétés, les commerces et autres intermédiaires qui favorisent le plus souvent l'usage du cash dans leurs différentes transactions, déposent au bout de la chaîne, une bonne partie de leurs fonds dans les banques commerciales qui en gardent les montants correspondant aux besoins courants de leur clientèle et transfèrent le reste sur leurs comptes au niveau de la Banque centrale, comme elles sont censées le faire pour conforter leur propre trésorerie. De son côté, la Banque centrale récupère ainsi les liquidités en circulation et en affecte par la suite une partie à l'approvisionnement du réseau postal national. Or, du fait du tassement que connaît la sphère économique et commerciale avec les conditions de confinement imposées par la pandémie, le cash disponible et dont on sait tout le poids dans l'économie nationale, est beaucoup moins réinjecté qu'avant dans les circuits bancaires, d'où les pénuries de liquidités observées durant cette dernière période au niveau de plusieurs région du pays, y compris dans la capitale. En définitive, force est de relever qu'au-delà des perturbations épisodiques d'accès aux retraits d'argent — récurrentes d'ailleurs depuis plusieurs années — les crises de liquidités au niveau du réseau postal, mais aussi bancaire, rendent surtout compte de l'archaïsme général qui continue de caractériser le système financier domestique dans sa globalité. Sous-bancarisation de la population, généralisation effrénée du recours au cash, absence de produits d'épargne pour capter les fonds colossaux qui circulent hors circuits bancaires, taux d'intérêt négatifs appliqués aux quelques placements disponibles et faiblesses structurelles dans la modernisation des moyens de paiement continuent ainsi à constituer des maux profonds qui empêchent, depuis plusieurs années, l'émergence d'un système bancaire et financier national développé et efficient.