Les commerçants de boissons alcoolisées de la wilaya de Béjaïa, toutes branches commerciales confondues, ont décidé de passer, jeudi, la vitesse supérieure dans leur mouvement de protestation pour exiger "des autorités l'autorisation de rouvrir leurs commerces", fermés depuis mars dernier pour cause sanitaire. En effet, après avoir organisé sans succès cinq rassemblements de protestation, depuis le 18 août dernier, devant le siège de la wilaya de Béjaïa, pour revendiquer l'autorisation de reprendre leurs activités, à l'instar des autres activités commerciales, cette catégorie de commerçants a décidé de radicaliser, ce jeudi, sa protestation de rue. En effet, ils ont procédé, avant-hier matin, à la fermeture des RN9 et 26 à la circulation. La RN9, reliant la wilaya de Béjaïa aux wilayas de l'Est, a été fermée à hauteur du village de Tala-Khaled dans la commune d'Aokas. La RN26, reliant la wilaya de Béjaïa à la wilaya d'Alger via Bouira, a été fermée à la circulation à Takrietz dans la commune de Souk-Oufella. Jusqu'à 16h jeudi, la wilaya de Béjaïa était pratiquement isolée du reste du pays. Il était impossible de quitter ou de rejoindre la wilaya de Béjaïa via ces deux voies de communication terrestre. "Nous avons été reçus, encore une fois, par le secrétaire général de la wilaya hier (mercredi, ndlr). En vain. Il nous a informés que la cellule de crise, dont les services de sécurité font partie, s'est réunie et qu'elle ne voit pas d'objection à notre reprise. Seulement, il nous demande de patienter encore jusqu'à la rentrée du wali de son congé. C'est au wali de prendre la décision", nous a déclaré Djamal Aït-Meziane, l'un des délégués des commerçants protestataires. Bien évidemment, ils ne sont pas satisfaits, comme toujours, de la réponse de ce responsable de wilaya. Et ils ont tenu à le faire savoir, ce jeudi, aux pouvoirs publics, par la fermeture de deux routes nationales à la circulation. Pris au dépourvu, les usagers de ces deux routes à grand trafic, particulièrement en cette période estivale et, de surcroît, en fin de semaine, ont sérieusement galéré. Ils étaient contraints de faire de longs détours sur les hauteurs de ces deux localités où les routes ont été bloquées. Il a fallu attendre 16h pour que les commerçants manifestants daignent libérer les deux axes routiers à la circulation. "Nous avons libéré les lieux après que le wali s'est engagé à recevoir nos délégués demain (hier, ndlr) à partir de 10h", apprend-on par téléphone auprès de Djamal Aït-Meziane. Selon notre interlocuteur, le wali a été rappelé d'urgence de son congé. "Il a été bloqué au même titre que d'autres automobilistes sur la pénétrante autoroutière à Takrietz", ajoute notre interlocuteur. Ainsi, hier matin, les quatre délégués se sont rendus au siège de la wilaya afin d'être reçus par le chef de l'Exécutif de wilaya pendant qu'une soixantaine de leurs collègues organisaient un rassemblement devant le siège de la wilaya en guise de soutien. Une fois invités à l'intérieur du siège de la wilaya, les quatre délégués ont été, à leur surprise générale, réorientés vers le SG de wilaya. "Nous devions être reçus par le wali. À notre étonnement, nous avons été ‘détournés' vers le SG de wilaya", rapporte M. Aït-Meziane, l'un des délégués, à ses confrères. Et de leur dire avec dépit : "Le SG de wilaya nous informe que les autorités de wilaya ne peuvent prendre une décision. La décision est du ressort du gouvernement, et il nous demande de patienter encore." Une énième réponse négative qui a rendu furieux les commerçants protestataires devant le siège de la wilaya. D'où leur appel à radicaliser leur mouvement de protestation afin d'"en découdre avec les autorités". Ainsi, ils ont fixé "un ultimatum aux pouvoirs publics jusqu'à lundi prochain" avant de décider des actions à entreprendre.