La reprise du trafic entre l'Algérie et la France dépend aussi du feu vert de la France et de l'Union européenne qui ont placé notre pays sur la liste des Etats dont les ressortissants ne peuvent pas se rendre en Europe pour des raisons sanitaires liées au coronavirus. Des compatriotes résidant en France supportent de plus en plus mal la poursuite de la suspension du trafic avec l'Algérie. Beaucoup ont réagi avec une grande colère à la décision de l'Etat algérien de garder les frontières fermées pour une durée indéterminée. "J'ai perdu mon frère cet été. Non seulement, je n'ai pas pu assister à ses funérailles, mais encore je ne peux même pas aller consoler mes vieux parents", a expliqué Raouf sur Facebook. "Le Groupe des Algériens bloqués en France", qui avait été créé en avril dernier pour pousser les autorités algériennes à l'organisation d'opérations de rapatriement, a attiré de nombreux expatriés. Leur souhait : parvenir à la réouverture des frontières dans les plus brefs délais pour se rendre en Algérie. Le groupe compte actuellement près de 17 000 membres. Ces derniers jours, des hashtags en faveur de la reprise des dessertes aériennes et maritimes sont relayées par des membres. Des appels à des rassemblements devant l'ambassade et les consulats algériens en France ont également été postés. "Le président Tebboune doit savoir qu'il y a parmi nous des gens frappés par des deuils familiaux. D'autres ont des parents malades ou âgés. Certains sont l'unique source de revenus pour leurs proches laissés en Algérie. Nous ne pouvons pas rester séparés des nôtres aussi longtemps", plaide Farid, un des initiateurs de la manifestation. Joint par téléphone, il s'insurge contre ce qu'il considère comme un traitement discriminatoire réservé aux binationaux. "Pourquoi sommes-nous considérés comme des citoyens de seconde zone ? Nous possédons des passeports algériens et cela devrait suffire pour nous donner le droit d'entrer sur le territoire national", s'indigne notre interlocuteur. Outre le rassemblement annoncé, une pétition en faveur de l'ouverture des frontières vient d'être lancée. Selon Farid, l'argument sanitaire avancé par le comité scientifique ne tient plus la route. "Penser que l'épidémie pourrait s'aggraver à cause de cas importés est complètement ridicule", fait-il savoir, préconisant pour plus de sécurité que les voyageurs passent des tests de dépistage avant de prendre l'avion ou le bateau. Parmi nos émigrés, beaucoup n'ont pas attendu l'ouverture des frontières pour acheter des billets. La compagnie Air Algérie, qui a rouvert les réservations depuis juin dernier, poursuit la vente des titres de voyage. Les vols sont ensuite annulés au fur et à mesure, au grand dam des clients. Sur le "Groupe des Algériens bloqués en France", certains participants exhortent d'autres membres à ne pas effectuer de réservations, tant que les frontières restent fermées. Contacté par nos soins, il dit avoir réagi en se basant sur son expérience personnelle. "J'ai réservé à trois reprises, depuis le début de l'été, pour des vols qui ont été supprimés. J'ai pourtant pris la peine, la dernière fois, de joindre Air Algérie pour voir si je pouvais prendre un billet ou pas", relate-t-il. Au bout du fil, un agent le rassure en lui disant que le maintien des réservations augure une reprise imminente du trafic aérien. "Ce qui ne semble pas être le cas", constate Salah, évoquant les déclarations du gouvernement à ce sujet. Plus prudente, la compagnie française Transavia a reporté, quant à elle, l'ouverture des réservations jusqu'au 12 septembre. Il faut savoir, enfin, que la reprise du trafic entre l'Algérie et la France dépend aussi du feu vert de la France et de l'Union européenne qui ont placé notre pays sur la liste des Etats dont les ressortissants ne peuvent pas se rendre en Europe pour des raisons sanitaires liées au coronavirus.