S'il a provoqué un choc dans l'opinion publique nationale et dans une frange de la classe politique, le scandale de l'achat des premières places sur les listes électorales du FLN aux législatives de 2017, révélé par l'ancien vice-président de l'APN Baha Eddine Tliba, n'a toujours pas fait réagir le gouvernement qui, depuis, s'est muré dans un silence assourdissant. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, qui gère, pourtant, les opérations électorales et veille au fonctionnement légal des partis politique, ne s'est toujours pas manifesté pour éclairer, un tant soit peu, les Algériens sur ce "FLNgate" qui met à nu les pratiques du système Bouteflika. Attend-il d'avoir tous les éléments en main pour agir en conséquence, c'est-à-dire porter l'affaire devant le Conseil d'Etat qui se chargera de convoquer les personnes impliquées dans ce scandale ? Pour des faits moins graves, un autre parti, le RCD en l'occurrence, avait subi les foudres des autorités pour avoir simplement hébergé, pendant le Hirak, des citoyens dans son siège d'Alger-Centre, et abrité des réunions de partis politiques, pourtant tous agréés, regroupés sous la bannière du PAD. Le secteur de la justice est, lui aussi, interpellé et se doit de faire respecter la loi qui est assez claire quant aux pratiques illégales en matière de gestion des partis politiques. "Les sanctions prévues par la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption s'appliquent à tout acte répréhensible survenu dans le cadre de l'activité et de la gestion d'un parti politique", stipule, en effet, l'article 80 de la loi organique n°12-04 du 12 janvier 2012 relative aux partis politiques. En tout cas, c'est l'avis de Me Zoubida Assoul qui, dans un communiqué rendu public hier, a estimé que puisque les aveux de l'ancien député d'Annaba ont été faits "devant une juridiction lors d'un procès public", le parquet devrait "agir en conséquence", c'est-à-dire procéder à l'"application des lois en poursuivant toutes les personnes impliquées directement ou indirectement dans ces pratiques". C'est dire l'urgence pour les autorités d'agir, afin de signifier que l'ère de l'impunité et de la violation des lois de la République est bel et bien révolue. Surtout que le président Tebboune s'est publiquement engagé, lors de la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre 2019, à criminaliser l'utilisation de l'argent sale dans les élections. "Je m'engage, si je suis élu à la tête du pays, à revoir le code électoral en vigueur pour mettre fin à l'emprise de l'argent sale sur les élections à travers sa criminalisation pour juguler le phénomène de l'achat de sièges aux Assemblées populaires élues", avait-il, en effet, clamé, jeudi 21 novembre 2019, à Constantine. De son côté, le Front de libération nationale (FLN) est quelque part tenu, lui aussi, d'ouvrir, par respect à ses militants et aux citoyens qui lui ont accordé leurs suffrages, une enquête interne sur ces graves révélations. Cela y va de son image, voire de sa survie. Car, si un tel forfait reste impuni, cela donnera du grain à moudre aux voix, nombreuses du reste, qui réclament, à cor et à cri, sa dissolution pure et simple. Pas plus tard qu'hier, Mme Assoul avait appelé à "mettre fin à l'usurpation du sigle FLN" et à le rendre à "l'Histoire de l'Algérie". Avant Mme Assoul, le parti de Soufiane Djilali a suggéré, fin août dernier, dans un document où sont consignées ses propositions sur la révision constitutionnelle, le "retrait définitif du sigle du FLN de la scène politique" pour, a-t-il expliqué, "annoncer une République nouvelle". Une revendication faite sienne par nombre d'autres parties dont le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohand Ouamar Benelhadj, qui, le 20 août 2019, avait affirmé que "le FLN n'a plus sa raison d'être aujourd'hui".