Le Collectif des avocats de la défense, lors de cette présentation, a protesté contre son interdiction d'assister ses clients, dénonçant "une atteinte aux droits de la défense et du justiciable". Le jeune hirakiste Brahim Laâlami, qui a été libéré de la prison de Bordj Bou-Arréridj il y a 10 jours à peine, vient d'être à nouveau interpellé et placé sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal de Bordj Bou-Arréridj. Mais cette fois-ci, il est accompagné par son frère Moussa et son ami Mourad Chelliga qui ont, eux aussi, été placés sous mandat de dépôt. Son frère, Yasser Laâlami, a été placé sous contrôle judiciaire. Mohamed, le frère mineur de Brahim Laâlami, a été laissé en liberté par le magistrat instructeur, mais avec convocation pour la semaine prochaine devant le juge des mineurs, pour instruction, selon ses proches. En l'absence de leurs avocats, qui se sont retirés après une vive tension avec le juge d'instruction, les chefs d'inculpation seraient, entre autres, "outrage à corps constitués", "utilisation de la force contre un agent de la force publique". Lors de cette présentation, le Collectif a protesté contre son interdiction d'assister ses clients. "C'est une atteinte aux droits de la défense et du justiciable", a déclaré un des avocats. "Cette situation est inédite et nous n'arrivons pas à savoir, en notre qualité de défenseurs, ce qui est, exactement, reproché à nos clients". Après des explications et des propos juridiques, le Collectif des avocats a pu assister les hirakistes, mais la forte tension qui régnait et les échanges très brutaux entre le juge d'instruction et les avocats, ont poussé ces derniers à se retirer en signe de protestation contre "le comportement, les intimidations et dérapages du juge d'instruction, lors de l'audition des prévenus". "Le juge d'instruction voulait intimider les prévenus. Au lieu d'écouter les faits et décider de la suite de la procédure, comme le stipule la loi, il a utilisé des expressions intimidantes et provocantes. À Bordj Bou-Arréridj, il y a une provocation programmée envers les avocats", dira Me Mounir Gharbi à la sortie du tribunal. "Il y a une tentative d'humiliation du Collectif des avocats", ajoute-t-il en annonçant qu'ils ne vont pas se taire et vont user de tous leurs droits. "C'est honteux ! Nous dénonçons ce genre de comportement du juge d'instruction de la première chambre. Il a voulu faire sortir les avocats du bureau. C'est honteux ces tentatives d'intimidations et de provocations envers les avocats. La présence de l'avocat est un droit et non une faveur", a déclaré Me Fouad Djoudi Betka en précisant que c'est une première dans la volonté de vouloir humilier la défense. "Nous ne pouvons pas tout dire maintenant, mais nous allons tout expliquer devant les instances compétentes". Pour cette présentation, le Collectif des avocats était composé de 10 avocats de Bordj Bou-Arréridj et de Sétif. Pour rappel, les quatre hirakistes ont été interpellés devant le domicile de Brahim Laâlami. Une arrestation que les parents et amis ont qualifiée de "musclée". "D'ailleurs Brahim Laâlami a été admis à l'hôpital où on a dû lui poser de nombreux points de suture avant de revenir au commissariat. Il est blessé sur plusieurs parties du corps", disent des proches qui insistent sur le fait de l'utilisation du Taser— sorte de pistolet électrique — par les forces de l'ordre. Selon des informations proches du dossier, Brahim Laâlami se serait tailladé lors de son arrestation ce qui lui causé ses blessures. Il a quitté la prison il y a quelques jours Notons que la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) a dénoncé, mercredi dernier, dans un communiqué, les circonstances dans lesquelles a été arrêté "l'activiste du Hirak Laâlami Chems Eddine, dit Brahim". La Ligue a indiqué sur sa page Facebook que "l'activiste du Hirak, Laâlami Chems Eddine, dit Brahim, a été victime d'une grave blessure, suite à une électrocution au Taser lors de son arrestation brutale qui lui a coûté une hospitalisation et une intervention chirurgicale". "Brahim Laâlami qui a quitté la prison il y a quelques jours, n'en est pas à sa première arrestation. Pour rappel, il a déjà été blessé lors d'une interpellation précédente que la Laddh a déjà dénoncée", lit-on dans le communiqué. La Ligue a appelé le parquet de Bordj Bou-Arréridj à "ouvrir une enquête judiciaire en vue d'établir les faits et de situer les responsabilités autour de ce grave précédent". La Laddh a réitéré "sa demande au respect des droits fondamentaux du citoyen, garantis par le droit national et international des droits humains, particulièrement quant au respect, en toutes circonstances, de l'intégrité physique, sphère inviolable des droits", a conclu le communiqué.