La menace intégriste se fait de plus en plus sentir dans les établissements universitaires. C'est un autre incident qui vient s'ajouter à cette longue liste de dépassements intolérables générés par des militants d'organisations syndicales ou par de simples étudiants zélés. C'est à l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique de Blida qu'un étudiant s'assumant salafiste avait déversé son intolérance sur deux autres étudiants. Rien de plus simple pour lui que d'avoir exhibé devant une foule de personnes un couteau et les pourchassant comme des proies dans la journée de mardi dernier. Ils n'avaient dû leur salut qu'à leur propre vigilance en prenant la fuite à toute vitesse au bon moment. Le comportement jugé trop cool de ces deux malheureuses victimes n'était point du goût du salafiste. Selon des témoins oculaires, il avait fallu l'intervention de plusieurs de ses camarades pour le faire revenir à la raison. Pis, il s'avère que le furieux zélé n'est autre que l'imam de la salle de prière du campus qui donnait des halaqate à toute une masse de pratiquants. L'Université repose sur un volcan dont l'irruption est inéluctable, si on se réfère aux différents incidents qui avaient aussi secoué plusieurs autres universités à travers le territoire national. Ces formes de violence ne sont en fait, qu'un signe avant-coureur de ce que risquerait de devenir ce lieu de savoir dans un futur proche, si des décisions urgentes et fermes ne sont pas prises dans l'immédiat. Les incidents de la cité de Bouraoui d'El-Harrach se font entendre ici et là telle une traînée de poudre ; de Constantine à Oran, de Sidi Bel Abbès à Tlemcen en passant par Blida le constat est unique, uniforme : lutte sans merci engendrant une violence caractérisée, causant même un décès parmi la communauté estudiantine. En ce sens, l'absence d'une réponse tout aussi rapide qu'effective des autorités compétentes ouvre bel et bien la brèche vers un éventuel dérapage dont les conséquences sont loin d'être pesées par des décideurs plus que jamais préoccupés à tirer les dividendes politiques.Ce climat de psychose semble être conforté par plusieurs facteurs liés à certaines convulsions auxquelles est exposé l'échiquier politique national. Les commerçants du politique ne peuvent que prendre conscience qu'aucun moment n'est aussi propice pour actionner des relais dans le cadre des nouveaux redéploiements des partis politiques dictés par de nouvelles donnes. Et l'Université constitue cette locomotive de ce fil conducteur qui permettrait de répandre une stratégie ou une décision ; d'autant plus que le renouvellement des comités au niveau des campus a, d'ores et déjà commencé ; la convoitise de ces structures de base de l'université ne dénote que la volonté des uns et des autres à conquérir plus d'espace qui leur donnera une meilleure prise sur l'orientation des masses dans des rendez-vous importants. Cependant, les rapprochements sont simplement faits : les alliances contre nature qui avaient donné naissance à une certaine cohabitation stratégique et pacifique entre le FLN et Hamas au sein même de l'hémicycle est bien compensée par des relais qui ont fait de l'Université un gouffre où se rangent des batailles en récurrence. L'Ugel et l'Unea, organisations satellites de Hamas et du FLN, sont les principaux protagonistes et instigateurs du climat conflictuel dont est piégée l'université, et n'incarnent que la vitrine réelle de la nature des relations contractées au plus haut niveau des responsabilités. S. B. BOUMERDÈS L'université en ébullition Des étudiants de l'université de Boumerdès ont procédé, hier, au blocage du siège du rectorat pour, dit-on, protester contre la lenteur qui caractérise la satisfaction de leur revendication relative à la constitution d'un comité de résidence comme le stipule la loi en vigueur. En l'absence d'un interlocuteur, les étudiants du campus universitaire de Boumerdès entendent, par cette action, multiplier la pression sur les responsables des cités U, qui “n'ont pas trouvé mieux que de fuir la confrontation en se réfugiant dans des endroits secrets”, nous déclarent certains protestataires. Par ailleurs, à la résidence universitaire nouvellement ouverte à Corso, la situation demeure tendue, notamment après l'altercation qui aurait pu tourner au drame entre les étudiants locataires et ce, au sujet de locaux que la direction devrait réserver aux activités sportives et culturelles. L'absence d'une salle de prière dans la cité U de Corso a créé un climat électrique entre les étudiants dont l'un d'eux a failli être lynché lors d'une “expédition punitive” pour avoir fait un “écart de langage” au sujet de ce lieu de culte. Rabah H.