La valeur de l'euro par rapport au dinar est fixée par la Banque d'Algérie à 158,98 DA à la vente, alors que la valeur du dollar est fixée à 134,50 DA, des plus bas jamais enregistrés. Les cotations hebdomadaires des billets de banque et des chèques de voyage, valables à compter du dimanche 13 juin 2020, communiquées, hier, par la Banque d'Algérie, lève le voile sur une importante, mais sournoise dépréciation de la monnaie nationale. La valeur de l'euro par rapport au dinar est fixée par la Banque d'Algérie à 158,98 DA à la vente et à 149,81 DA à l'achat, un plus bas jamais atteint par la monnaie nationale, alors que la valeur du dollar est fixée à 134,50 DA à la vente et à 126,76 DA à l'achat ; l'autre plus bas inégalé, alors que les fondamentaux de l'économie nationale persistent dans un mouvement baissier ininterrompu. La dépréciation du dinar, aussi silencieuse que sournoise, témoigne bon gré mal gré d'un retour sur le devant de la scène des outils de politique monétaire pour amortir les effets de la rechute des cours de brut, de surcroît de grande ampleur, sur les fondamentaux de l'économie. C'est un secret de Polichinelle que de dire que la politique de taux de change était, depuis 2015, un des outils de politique monétaire qui jouait, "dans une large mesure", le rôle d'amortisseur de chocs externes, même si la Banque centrale avertissait, sans relâche, que la dévaluation du dinar ne doit pas être l'unique réponse à l'impact de la chute des prix du pétrole sur les fondamentaux de l'économie nationale. Dit autrement, un dinar surévalué portait préjudice à l'économie du pays, puisque, mathématiquement, cette appréciation ne fait que subventionner les importations au détriment de la production nationale et fait diminuer les recettes en dinar de la fiscalité pétrolière. C'est ce qui explique, probablement, le retour à la gestion "monétaire" de la crise, matérialisée par la dépréciation, aussi importante que prévisible, de la valeur du dinar sur le marché officiel des changes, alors que la tendance baissière des fondamentaux ne fait que s'accentuer depuis le début de l'année en cours, coïncidant avec la rechute des cours du brut sur le marché international. Depuis la mi-2014, alors que la rentabilité du baril de Brent s'érodait dangereusement sur le marché mondial, le cours du dinar par rapport aux principales devises, la monnaie unique et le billet vert en l'occurrence, entamait une longue courbe descendante, passant de 78,87 DA pour un dollar à fin juin 2014 et de 87,95 DA à fin décembre de la même année à 134,50 DA cette semaine, alors que l'euro est passé de 107,62 DA pour un euro en moyenne à fin juin 2014 et 106,97 DA pour un euro à la fin de la même année à 158,98 DA cette semaine. C'est dire l'ampleur de la dévaluation de la monnaie nationale par rapport aux principales devises d'échange du pays avec ses principaux partenaires. La valeur du dinar qui semblait se stabiliser l'année dernière face à l'euro et au dollar a été malmenée depuis le début de l'année, non seulement par la forte volatilité qui caractérisait la Bourse internationale des changes, mais aussi par la crise financière qui sévit dans le pays, que plus aucune solution de conjoncture ne semble pouvoir enrayer. Il était clair que tant que la production nationale s'enlisait dans ses déficits structurels, alors que le besoin de rétablir la viabilité des comptes extérieurs n'a jamais semblé aussi pressant, la dépréciation du dinar était pour le moins inévitable, bien que les contrecoups sur le pouvoir d'achat des entreprises et des ménages ne soient que plus évidents. Sur le marché informel des changes, illégal mais toléré par les autorités, étant donné qu'il constitue une offre complémentaire en devises, la principale devise du Vieux continent reprenait de la vigueur, cédée désormais à 199 DA pour un euro, alors que qu'un dollar valait 169 DA au square Port-Saïd, plaque tournante algéroise du change parallèle. L'écart entre le change officiel et le change parallèle ne fait que se réduire, sur fond de crise d'offre et de demande sur le marché informel.