Le dossier qui sera présenté devant le Conseil de gouvernement représente la troisième mouture du projet. “L'étude réalisée par le bureau de mon ami, le Pr Gherib, n'a pas coûté le moindre dinar”, a déclaré le Pr Abdelhamid Aberkane, lors de la conférence de presse qu'il a animée, hier, au sein de son département. Le ministre, qui s'est plutôt présenté sous la casquette de la réforme hospitalière, a tenu à préciser que la “démarche tant décriée” ne va pas à l'encontre du travail fourni et des recommandations du Conseil national de la réforme hospitalière, mis en place pour mener à terme une des importantes priorités du gouvernement. “En plus de l'étude du Pr Gherib, nous avons consulté aussi des documents français, belges et québécois, en matière de gestion des hôpitaux”, dit-il. Il se dit ouvert à toutes les propositions et qu'avant d'arrêter le projet qu'il présentera le 27 janvier prochain devant le Conseil de gouvernement, des syndicats, des représentants du mouvement associatif et des professionnels ont été consultés. “Honnêtement, je ne vois pas de mal à ce que je fasse appel à un bureau d'études dirigé par des compétences algériennes de surcroît”, affirme-t-il. Revenant sur la réforme hospitalière, le premier responsable du secteur estime qu'il s'agit d'une option irréversible. “Elle est inscrite comme une des urgences du programme gouvernemental”, explique-t-il. Bien entendu, il refuse que cette mutation se fasse au détriment du malade. “Cette réforme n'entame en rien les intérêts des usagers des hôpitaux. Mieux encore, elle vise à leur offrir les meilleurs soins possibles.” Pour mener à terme cette réforme, il est nécessaire de prendre en considération les avis des autres partenaires concernés. La CNAS, les ministères du Travail, de la Solidarité, des Finances et, bien entendu, la direction générale de la Fonction publique, ont leur mot à dire. “Nous n'allons pas réformer sans prendre l'avis des partenaires incontournables”, dit le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière. “Nous devons consulter le ministère des Finances qui devra débloquer l'argent nécessaire pour cette réforme”, dit-il. La réforme hospitalière est considérée comme étant une suite logique dans une société en pleine mutation vers l'économie de marché. “Pour le moment, nous sommes encore au stade des consultations de tous les concernés, avant de peaufiner un avant-projet qui sera présenté devant l'APN et le Sénat”, déclare-t-il. Il révèle, en outre, que le dossier qui sera présenté devant le Conseil de gouvernement représente la troisième mouture du projet. Par ailleurs, la loi de 1985 est considérée comme étant obsolète en 2003 et qu'il est urgent de compter avec le secteur privé. “Pour le moment, il y a des cabinets et des cliniques privés, il faut aussi se préparer à l'ouverture d'hôpitaux autres que publics. C'est pourquoi il faut, d'ores et déjà, arrêter les sommes que devra payer le citoyen”, tient-il à préciser. “Ceux qui veulent le statut quo sont, en réalité, les fossoyeurs de la santé”, dit-il encore. “La réforme hospitalière sera concrétisée le jour où les hôpitaux auront réussi leur autonomie. Il s'agit de parvenir à une réelle gestion et sans passer souvent par des négociations avec la tutelle dans certains domaines”, déclare le ministre. Le jeu est donc clair, les hôpitaux sont appelés à trouver d'autres moyens de financement que ceux actuellement en vigueur. Pour assurer leurs missions, les hôpitaux pourraient même recourir à la contractualisation de certains chapitres. Il ne sera pas exclu que des médecins privés soient appelés pour pallier certaines carences. “Dans des hôpitaux de l'intérieur du pays, certaines activités de soins ne sont assurées que grâce aux praticiens du secteur privé. Il ne s'agit donc pas de nouveauté”, affirme-t-il. Les services jusque-là assurés par le personnel des hôpitaux pourront être aussi sous-traités par le secteur privé, c'est le cas notamment de la maintenance, de la restauration, de l'hygiène et de l'hôtellerie (blanchissement du linge). Le ministre de la Santé insiste sur le fait que la réforme nécessite un budget important. “Si nous voulons une santé de pointe, nous devons offrir des salaires conséquents aux praticiens du secteur public. Nous devons les retenir, et quand nous réclamons des salaires pour les praticiens des hôpitaux, le département des Finances nous rétorque que cela coûte cher”, dit-il. Le ministre estime qu'il n'est pas utopique de payer les médecins du public, comme leurs collègues du secteur privé. “Nous devons dans le cadre des réformes assurer des rétributions qui mettraient les praticiens loin de tout besoin, pour éviter toute corruption”, conclut-il. S. B.