Les perspectives de croissance de la demande pétrolière de l'AIE, publiées hier, corroborent celles de l'Opep qui s'était déjà montrée pessimiste. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a réduit, hier, ses prévisions pour la croissance de la demande de pétrole en 2020. L'AIE justifie ses projections par la recrudescence des cas de coronavirus dans de nombreux pays, les mesures de confinement, le télétravail et un secteur de l'aviation en convalescence. L'AIE a, ainsi, évoqué des perspectives encore plus "fragiles" pour le marché. "Une résurgence de cas de Covid-19 dans de nombreux pays, des mesures de confinement locales, la poursuite du télétravail et la faiblesse du secteur aérien nous ont conduits à abaisser nos estimations de la demande pour le troisième et le quatrième trimestres de 2020", a expliqué l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. L'AIE s'attend ainsi désormais à une croissance de la demande mondiale de pétrole à 91,7 millions de barils par jour, soit 200 000 b/j de moins que la projection du mois dernier pour 2020. Pour le seul quatrième trimestre, les projections ont été réduites de 600 000 b/j. Au final, les perspectives de l'AIE montrent une contraction de 8,4 millions de b/j en glissement annuel, plus que le recul de 8,1 millions de b/j prévu dans le rapport du mois d'août. "Nous nous attendons à ce que la reprise de la demande de pétrole décélère sensiblement au second semestre 2020, la plupart des gains faciles étant déjà réalisés", a déclaré l'AIE, ajoutant qu'"avec l'arrivée de l'hiver dans l'hémisphère nord, nous allons entrer en territoire inconnu concernant la virulence du Covid-19". Pour l'AIE, "le ralentissement économique mettra des mois à s'inverser complètement, alors que certains secteurs comme l'aviation ne reviendront probablement pas à leurs niveaux de consommation d'avant la pandémie même l'année prochaine". Pour 2021, l'AIE a estimé que la demande devrait rebondir de 5,5 mb/j, soit un peu plus (260 000 barils par jour) que lors de la dernière estimation. La demande devrait au final s'établir à 97,1 mb/j l'an prochain, à un niveau toujours inférieur à celui de 2017. Les perspectives de croissance de la demande pétrolière de l'AIE, publiées hier, corroborent celles de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui, lundi, s'était déjà montrée plus pessimiste pour la demande mondiale. Dans son rapport mensuel sur le pétrole, l'Opep avait révisé à la baisse la demande mondiale de 0,4 million de b/j par rapport au mois d'août pour s'établir à 90,2 millions de b/j. L'augmentation de la production pétrolière et la révision à la baisse de la demande signifient forcément un ralentissement de l'écoulement des stocks de pétrole brut qui se sont accumulés au cours de la période de confinement. Les réserves d'or noir dans les pays développés ont augmenté en juillet pour atteindre un niveau record de 3,225 milliards de barils, alors même que l'alliance Opep+ a laissé d'énormes capacités de production inutilisées. D'ailleurs, le géant britannique des hydrocarbures BP a indiqué lundi que la demande de pétrole dans le monde pourrait avoir déjà atteint son pic et ne plus cesser de décliner en raison des conséquences de la pandémie et de la transition énergétique.