Le marché pétrolier se trouve dans une situation faite de crise économique de grande ampleur et de baisse historique des investissements en exploration et en production. Il est aux prises avec un certain niveau de volatilité et avec des incertitudes croissantes. Au plan des prix, le baril de brut s'échange dans une zone étroite et ne parvient pas à dépasser 40 dollars. Quels scénarios pour l'avenir ? Une analyse fine faite par l'Institut français du pétrole (IFP) fait apparaître de nombreux scénarios. L'organisme français n'exclut pas l'idée qu'un prix du pétrole "faible pour longtemps (lower for longer) devient à nouveau envisageable comme la possibilité d'être confronté à des envolées ponctuelles des prix si l'offre n'est pas au rendez-vous". L'IFP rappelle que le contexte actuel est caractérisé par un prix du pétrole "historiquement bas, estimé autour de 40 dollars en moyenne pour les cotations de 2020", ce qui ne s'est jamais produit depuis 2008. Il souligne par ailleurs que "rien n'est établi avec évidence dans un contexte d'incertitude sur l'évolution de la pandémie de coronavirus". Cette dernière continue de peser sur l'évolution de la demande de pétrole. Les experts de l'IFP relèvent que la crise sanitaire liée à la Covid-19 a eu des effets "considérables" sur la demande pétrolière, en retrait par rapport à 2019 de "6% au 1er trimestre 2020 et de 17% au 2e trimestre". Ils mettent en évidence le fait que le recul devrait être "moins marqué pour les deux derniers trimestres 2020", rappelant que "cette anticipation a permis de ramener le cours du pétrole autour de 40 à 46 dollars à partir de début juin, niveau relativement faible par rapport au prix moyen de 2019 (64 dollars le baril), mais bien au-dessus des évolutions constatées lors des confinements massifs mis en place au niveau mondial de mars à mai (10 à 30 dollars le baril)". En moyenne annuelle, la demande pétrolière se situerait, selon l'IFP, "à 92 millions de barils par jour (Mb/j), en 2020, en recul de 8 millions de barils par jour par rapport à 2019 et de 10 millions de barils par jour par rapport à ce qui était anticipé en janvier 2020". L'IFP note que, pour 2021, la demande "sera plus soutenue (97,1 Mb/j)", mais qu'elle "restera toujours inférieure à celle de 2019 (-3 Mb/j) ou à ce que ce l'on pouvait anticiper avant la crise de la Covid-19 (-4 Mb/j)". Quant aux perspectives pour le long terme, elles font l'objet de "débats contradictoires", fait observer l'Institut, expliquant que certains estiment le "retour à une consommation à plus de 100 millions de barils par jour une fois la pandémie passée. D'autres considèrent que le pic de la demande pétrolière est proche (2/3 ans) voire déjà atteint en raison des effets de la crise et des changements probablement accélérés de comportement (télétravail, voyages, achats responsables...)". L'IFP ajoute que "ces différences d'appréciation dépendent aussi des hypothèses retenues concernant les secteurs du transport (routier, aérien et maritime) et de la pétrochimie".