Quelle que soit la qualité du malade, l'hôpital sera payé rubis sur l'ongle. Sans l'annoncer ouvertement, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière laisse entendre que l'ère de la médecine, telle qu'appliquée jusqu'à présent, est définitivement révolue. La réforme hospitalière est, en réalité, un euphémisme, pour ne pas dire médecine payante, ce qui provoquerait une véritable levée de boucliers : la santé et l'éducation sont considérées comme un droit inaliénable et gratuit pour tout citoyen. La seule “oasis de l'ère socialiste”, à savoir la santé, sera, elle aussi, régie selon les réalités de l'économie de marché. Pour déterminer le coût de chaque acte médical, une opération d'évaluation est, d'ores et déjà, menée dans 10 structures de santé publique. L'hôpital Mustapha-Bacha et ceux de Blida, de Constantine, d'Annaba, les secteurs sanitaires de Médéa, Ouargla et Aïn El-Turk et enfin le centre Pierre et Marie-Curie d'Alger sont les établissements pilotes où sont tenues des fiches navettes recensant tous les actes dont bénéficient chaque malade. Grâce à ces fiches, le coût du traitement de chaque pathologie sera chiffré et ce sera ce prix que réclamera l'hôpital. Ce dernier percevra son argent jusqu'au dernier sou. Lorsqu'il s'agit du malade qui travaille ou est à la retraite, c'est la CNAS qui prendra en charge l'assuré ou l'ayant droit. À la fin de l'hospitalisation, l'hôpital envoie la facture à la CNAS qui payera. “La CNAS ne veut payer que pour ses seuls assurés et leurs ayants droit”, a révélé le ministre de la Santé. Quant aux malades démunis, ce sera le ministère de la Solidarité qui réglera les factures de leur prise en charge dans les structures hospitalières. Les Bureaux de l'action sociale communale (BASC) seront appelés à arrêter la liste des citoyens qui bénéficieront de cette largesse. Dans ce cas aussi, l'hôpital percevra son dû. Les commerçants seront couverts par la CASNOS s'ils sont à jour de leurs cotisations. Ceux qui ne sont affiliés à aucune des deux caisses et qui ne sont pas démunis devront payer de leurs propres deniers. Les campagnes de prévention et de vaccination seront à la charge des pouvoirs publics. S. I. DEUX CHIFFRES 4 mois Un stock de sécurité de 4 mois est toujours détenu par la Pharmacie centrale des hôpitaux. 11,7 milliards La dette des hôpitaux est de 11,7 milliards de dinars au début 2003. Elle était de plus de 14 milliards de dinars au début 2002, et le budget du même exercice a débloqué 3 milliards de dinars pour le remboursement de la même dette.