Pour être prêt en janvier 2005, une opération pilote est menée dans 8 établissements hospitaliers. Devenue incontournable, la réforme hospitalière, que d'aucuns qualifient de la fin de la médecine gratuite, fait sûrement mais doucement son chemin. Aujourd'hui, il s'agit de se préparer à entrer de plain-pied dans la nouvelle gestion qui sera effective dès le début de l'année prochaine. Il sera alors question de comptabilité au réel dans les hôpitaux qui seront gérés comme une entreprise à caractère commercial, mais ils n'occulteront pas le côté social, car il s'agit de prendre en charge des malades. Le centre Pierre et Marie-Curie d'Alger et l'hôpital Mustapha-Pacha ainsi que 8 établissements de santé, à travers le territoire, sont choisis pour une opération de simulation de facturation de soins et du paiement des prestations par les organismes assureurs. Pour le moment, les organismes payeurs sont la Cnas, lorsqu'il s'agit d'assurés sociaux et du ministère de la Solidarité pour les démunis. Quand la contractualisation sera effective, la Caisse des assurés non-salariés (Casnos) et les assurances économiques payeront les prestations de leurs adhérents. Pour le moment, l'opération consiste en l'établissement de factures selon la fiche navette qui recense tous les soins et le coût de chaque acte dont bénéficie le patient. Par cette simulation, les responsables du secteur tiennent à faire en sorte que les gestionnaires des structures hospitalières se familiarisent avec le nouveau régime. Bien entendu, la direction de la santé d'Alger et la direction de l'action sociale conjuguent leurs efforts pour que le personnel administratif des hôpitaux soit prêt en janvier 2005. En réponse à une question d'un journaliste de l'APS, M. Salah Kaci, directeur de la santé par intérim, estime que cette simulation a pour but “d'évaluer la situation sociale des demandeurs de soins et des services médicaux, ainsi que les coûts des prestations médicales offertes aux malades assurés, à leurs ayants droit, aux démunis non assurés et aux autres catégories”. Les responsables de la santé en Algérie, et à leur tête le ministre, ont toujours insisté sur le fait que la contractualisation n'est pas la fin de la médecine gratuite. Des mécanismes de protection des couches démunies sont prévus. En tant qu'établissement économique, mais à but non lucratif, l'hôpital prestataire de services médicaux sera payé rubis sur l'ongle, et ce, pour qu'il puisse avoir une comptabilité assainie. Les factures des malades démunis seront réglées par le ministère de la Solidarité qui versera l'argent à la caisse de la structure hospitalière ayant soigné le démuni. La Cnas continuera à couvrir ses assurés sociaux et leurs ayants droit dont le nombre est estimé à 26 millions de personnes. Le gouvernement compte sur cette gestion pour augmenter les salaires du personnel, et aussi pour disposer d'argent nécessaire au renouvellement et à l'entretien des équipements. Les campagnes de vaccination, les interventions du Samu et la lutte contre les épidémies seront à la charge de l'Etat. Le ministre de la Santé a rappelé, à maintes reprises, qu'il n'y aura aucun changement pour les malades, qu'ils soient assurés ou démunis, puisque les soins nécessaires leur seront prodigués sans contrepartie directe. Il est clair que la nouvelle gestion permettra de définir les véritables démunis et d'en exclure les non-salariés aisés. S. I.