Le monde pétrolier anticipe un nouveau contexte, estime l'IFP énergies nouvelles (Ifpen) dans son "tableau de bord pétrolier" publié lundi dernier. L'Institut français de recherche indique que l'idée d'un prix bas pour plus longtemps, évoquée dès 2017 par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) en raison de l'excès d'offre, "est à nouveau d'actualité, mais désormais sous l'effet d'une demande potentiellement affectée durablement par la crise en cours". L'Ifpen cite, aussi, BP qui fonde ses perspectives sur un prix moyen de 55 dollars le baril sur le long terme (2021-2050). Shell retient, également, une hausse du prix du pétrole entre 2020 (35 dollars le baril) et 2023, puis par la suite une stabilité au niveau de 60 dollars le baril. "Il reste que ce sont des tendances qui ne doivent pas sous-estimer un choc possible, au moins ponctuellement, sous l'effet du recul des investissements (et non par manque de ressources), sujet également évoqué dès 2018 par l'AIE", précise l'Institut de recherche français. L'enquête de Reuters prévoit un prix moyen de 40 dollars le baril en 2020 puis une remontée progressive jusqu'à 57 dollars le baril en 2022. Dans son "tableau de bord", l'Ifpen évoque la fermeté du prix du pétrole grâce à de bons indicateurs économiques. Le prix spot du Brent a atteint 43 dollars le baril. Il a progressé de 1,5% la semaine passée porté par la confirmation du respect par l'Irak des engagements de l'Opep+ et en raison de la publication de bons indicateurs économiques en Chine et aux Etats-Unis. "La courbe des prix à terme sur 12 mois ne révèle pas de tendances nettes, évoluant entre les courbes observées pendant la période du confinement et celles de l'avant Covid-19", relève l'Ifpen. Cette situation, ajoute-t-il, souligne l'instabilité de la période actuelle, entre le début effectif de reprise et l'inquiétude concernant une possible deuxième vague de la pandémie. Pour autant, le contexte du marché pétrolier favorise le soutien des cours. Comme chaque semaine, l'EIA a publié les données du marché américain qui ont en particulier mis en évidence un léger recul des stocks de pétrole (-7,2 mb) qui restent, néanmoins, 15% au-dessus de la moyenne à 5 ans. L'activité de raffinage progresse à 75% de ces capacités, ce qui reste 10 points en dessous de son niveau d'avant la crise. L'évolution de la consommation globale repart à la baisse à 17,1 millions de barils par jour, soit 1 million de barils en moins d'une semaine et 2,3 millions de barils en dessous de la moyenne annuelle. Au niveau international, l'Ifpen souligne le recul des exportations irakiennes de pétrole en juin à hauteur de 0,3 million de barils par jour, ce qui confirme la volonté de ce pays de se rapprocher de ses engagements au sein de l'Opep+. Côté libyen, l'Institut de recherche français fait état de négociations en cours qui pourraient permettre la réouverture des ports situés à l'est du pays contrôlé par l'Armée nationale libyenne (ANL). La compagnie nationale estime que cela pourrait relancer la production tombée à 0,1 million de barils par jour, contre 1,1 million de barils par jour en décembre derrnier.