Un document présenté par la DSP a fait état de 2 643 cas positifs et 221 décès enregistrés depuis mars dernier. Intervenant hier lors de la session ordinaire de l'APW de Tizi Ouzou, qui a consacré un des point de son ordre du jour à la situation sanitaire dans la wilaya, Sidali Youcef, chirurgien à l'hôpital de Aïn El-Hammam et vice-président de la commission santé de l'APW, n'a pas hésité à remettre en cause la gestion de la situation par les autorités. "Mis à part une gestion sécuritaire de la situation – et heureusement qu'il y a eu un énorme élan de solidarité qu'il faut saluer, des comités de village, des maires et du monde associatif – il n'y a pas eu de gestion sanitaire", a déclaré Dr Sidali, qui estime qu'on ne peut pas parler de succès si on n'arrive pas à diminuer le taux de mortalité dans les hôpitaux, notamment la réanimation. "Et pour diminuer le nombre de morts au niveau de la réanimation, il faut des moyens, et si je parle de moyens je parle des moyens adéquats. Un lit de réanimation n'est pas un lit d'hôtel ou de chambre à coucher. À titre d'exemple, il y a des lits où on peut mettre un malade en position ventrale. À titre d'indication, il y a un professeur atteint de covid qui doit être mis aujourd'hui en position ventrale et on ne peut pas le mettre en position ventrale parce qu'il n'y a pas de moyens", a-t-il expliqué. Pour ce médecin, même les indicateurs pris en considération dans la gestion de la situation sanitaire semblent poser problème. Les bons indicateurs, a-t-il affirmé, ce n'est pas la courbe des cas, mais plutôt la mortalité. Ce n'est pas normal qu'il y ait des gens qui meurent de Covid en dehors de la réanimation. "Quand un malade meurt pendant la réanimation c'est un échec cuisant", a-t-il considéré. "Dans la stratégie, je ne sais pas s'il y a une prise en charge du personnel soignant. Le personnel soignant est le premier à protéger pour éviter une diffusion nosocomiale, est-ce qu'on a fait quelque chose pour ce personnel ? En principe, il faut également faire un dépistage systématique pour tout le personnel soignant. Si on ne protège pas le personnel, comment est-il possible que ce même personnel protège un malade hospitalisé et qui n'est pas atteint de Covid", a-t-il relevé, avant d'aborder les mesures de confinement prises par les autorités. "Si la population a fini par ne plus y croire, c'est parce que le confinement n'a ni tête ni pieds, c'est un couvre-feu sécuritaire qui répond à des instructions et non pas à des prescriptions. On confine puis on déconfine, puis on reconfine puis on redéconfine... C'est à se demander alors comment circule dans ce cas ce coronavirus", s'est interrogé ce médecin, qui a dénoncé aussi la gestion des cadavres de la Covid. "On donne instruction de ne pas remettre un cadavre sans PCR. Or le seul qui risque d'être contaminé par un cadavre mort par Covid c'est le médecin légiste quand il ouvre la cage thoracique. Autrement, il n'y a aucun motif qui permet de garder un cadavre trois jours dans la morgue sous prétexte de PCR", a affirmé Dr Sidali, estimant que "cela ne fait que créer des tensions dans la société". Concernant la situation épidémiologique à Tizi Ouzou, un document présenté par la DSP a fait état de 2643 cas positifs, 986 cas probables après une TDM en faveur de la Covid, 221 décès positifs et 14 autres décès probables, enregistrés depuis mars dernier, soit plus du double des chiffres rendus publics par le ministère de la Santé via la carte épidémiologique qui ne font état que de 1162 cas enregistrés jusque-là dans cette wilaya. Concernant la situation actuelle, les chiffres présentés font état de 35% d'occupation des lits dédiés au malades Covid contre 55% à la mi-août. "Nous disposons encore de 22 lits de réanimation", a annoncé le DSP par intérim, soulignant que jusque-là 3870 enquêtes épidémiologiques ont été réalisées à Tizi Ouzou et 23 622 sujets contacts suivis.