Décidément, les Kherratis ne lâchent pas prise. Ils étaient très nombreux, hier, à battre le pavé à travers les artères de la ville, considérée comme l'épicentre du mouvement populaire, le Hirak, pour avoir abrité la première manifestation contre le 5e mandat de Bouteflika, le 16 février 2019. En effet, la marche hebdomadaire, qu'abrite chaque samedi la ville martyre du 8 Mai 1945, a drainé, hier, une foule nombreuse, manifestement décidée à renouer avec la mobilisation des grands jours. Comme à l'accoutumée, le coup d'envoi de la manifestation a été donné vers 10h30, à la place du 16-Février, sous les cris de "Pouvoir assassin", "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Djazaïr houra démocratia" (Pour une Algérie libre et démocratique)... Notons la présence de nombreux hirakistes venus d'autres régions du pays, notamment des wilayas de Sétif, d'Alger et de Béjaïa. Insistant sur la nécessité de préserver l'unité des rangs au sein de leur mouvement, les marcheurs remettent au goût du jour le fameux slogans : "Les Algériens khawa, khawa, wa echaâb mouwahed ya el-khawana" (Les Algériens sont des frères, le peuple est uni, espèces de traîtres). Munis du drapeau national et de l'emblème amazigh, les manifestants réclament de nouveau la libération de l'ensemble des détenus d'opinion. "Libérez Tazaghart", "Libérez les otages", ont-ils scandé à tue-tête en brandissant les portraits de certains prisonniers du Hirak, dont ceux du député démissionnaire Khaled Tazaghart et du journaliste Khaled Drareni. La procession humaine sillonnera le parcours habituel allant de la place du 19-Février jusqu'à la placette jouxtant le siège de la mairie de Kherrata, en reprenant les slogans chers au mouvement populaire, tels que "Mazalagh d-Imazighen" (Nous sommes toujours des Amazighs), "Système dégage", "Selimou solta lichaâb" (Restituez le pouvoir au peuple). Arrivés au terme de la marche, les manifestants scandent de nouveau les slogans phare du Hirak, avant de se disperser dans le calme, tout en se donnant rendez-vous pour samedi prochain. KAMAL OUHNIA