Alger et Madrid souhaitent, à la faveur de ces échanges de haut niveau, passer à un stade supérieur dans leur coopération. Partenaire stratégique de la rive nord de la Méditerranée, l'Espagne souhaite densifier et diversifier sa coopération avec l'Algérie en saisissant la "bonne entente" qui anime les relations entre les deux pays. Les autorités algériennes ne manquent pas d'occasion pour le souligner. "Avec l'Espagne, nous n'avons aucun problème" est le message qu'envoie Alger. Il n'est pas faux de parler d'un "tropisme" espagnol. En raison notamment de la position du gouvernement espagnol durant la période de l'insurrection citoyenne qu'a connue le pays en 2019, qui est jugée "très positive" par Alger. Les autorités madrilènes n'ont pas cessé de renouveler leur appui politique à l'Algérie à ce moment-là. Et c'est dans cet esprit que le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez effectue une visite de travail aujourd'hui à Alger qui se présente comme une opportunité pour "capitaliser cette amitié". En plus du classique "dialogue" politique bilatéral, les discussions entre le gouvernement algérien et espagnol porteront essentiellement sur des questions économiques pour explorer de nouvelles opportunités d'investissement et d'échanges commerciaux dont le volume se situe à 3 milliards de dollars. L'environnement et les énergies renouvelables seraient un des aspects sur lesquels Alger et Madrid travaillent depuis quelque temps déjà et comptent explorer les possibilités de coopération. Selon des sources sûres, la venue du Premier ministre espagnol sera l'occasion de signer un "mémorandum sur l'environnement". En la matière, l'Espagne est en passe de réussir sa transition énergétique. La part du renouvelable représente près de 30% de l'énergie. Dans le domaine de la gestion des déchets, le pays dispose également d'une technicité très avancée. L'Algérie qui dispose aussi d'un immense potentiel dans le renouvelable se cherche des voies et moyens pour sortir du tout pétrole et pour pouvoir enfin faire la part belle à l'économie verte. Cela étant dit, le pétrole et le gaz seront au menu des discussions entre les deux parties, d'autant que la collaboration entre l'algérienne Sonatrach et les espagnoles Gaz natural, Repsol et surtout Naturgy est historique. Même si parfois cette collaboration a connu quelques tempêtes sans pour autant arriver à des points de rupture de contrats qui lient les compagnies. Avec Naturgy, la compagnie nationale a eu à connaître quelques désaccords liés en partie à la volonté de l'espagnole de revoir "à la baisse les prix du gaz algérien". Si l'Algérie demeure un des fournisseurs les plus importants, l'Espagne s'est tournée vers le gaz américain et russe particulièrement. Cette "réorientation" n'a pas "entamé" la nature "solide" des accords commerciaux et l'Algérie ne manque pas de louer souvent "un partenariat fiable" qu'il faut renforcer et améliorer avec les Espagnols. Manifestement, il n'y a que des atomes crochus entre les deux rives de la Méditerranée. Cependant, du côté d'Alger comme de Madrid les coopérations économiques qui du reste structurent les relations entre les deux pays ne sont pas l'unique enjeu qui "convie" à la table des discussions. La question de l'immigration irrégulière préoccupe sérieusement les deux capitales. C'est l'une des priorités dans les échanges entre les deux gouvernements. Le retour en force du phénomène migratoire et les départs "massifs" à partir des côtes algériennes enregistrés ces dernières semaines inquiète les Espagnols et ils le font savoir aux autorités algériennes. Ces dernières sont réceptives. Elles ont déjà informé le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska Gomez, lors de sa visite le mois passé, que le gouvernement algérien est disposé à coopérer "étroitement" avec Madrid pour endiguer la crise migratoire notamment dans le volet du rapatriement des ressortissants algériens se trouvant en situation irrégulière sur le territoire ibérique. Mais, comment mettre en place une stratégie commune et efficace pour lutter contre ce phénomène en amont. Régulièrement, les polices des deux pays se trouvent dépassées par les candidats à la migration "aidés" par les passeurs qui eux s'adaptent rapidement, anticipent et s'ingénient en méthodes. Les spécialistes en la matière estiment que les passeurs ont toujours une longueur d'avance sur les polices et les gardes-côtes. Mais la réponse "répressive" ne saurait endiguer cette crise. Sans une vision globale intégrant les autres aspects (politiques, économiques et sociaux), il serait difficile de venir à bout d'un phénomène devenu transnational. En somme, Alger et Madrid souhaitent, à la faveur de ces échanges de haut niveau, passer à un stade supérieur dans leur coopération.