Les dirigeants libanais ont étalé leurs divergences au grand jour au sommet arabe de Khartoum, au risque d'amplifier considérablement la crise politique qui paralyse le pays et de menacer la conférence sur le dialogue. “Le sommet de la honte” titrait mardi le journal libanais Al Balad, tandis que le quotidien Al Diyar, proche de Damas, évoquait une possible “démission du gouvernement” du Premier ministre Fouad Siniora, issu de la majorité parlementaire antisyrienne. La querelle a éclaté mardi soir entre le président libanais Emile Lahoud, proche de Damas, et M. Siniora sur un projet de résolution arabe d'appui à l'action armée du Hezbollah chiite contre Israël. Au cours d'une séance à huis clos des dirigeants arabes, M. Siniora a souhaité modifier la clause habituelle mettant en avant le rôle du Hezbollah, et qui stipule que la “résistance libanaise est un droit naturel du peuple libanais dans la libération de son territoire (...) face aux agressions israéliennes”. Le chef du gouvernement, tout en reconnaissant le rôle du Hezbollah, entendait remplacer cette formule par une autre, soulignant que le droit à la résistance relève de “l'Etat et du peuple libanais” et non d'une organisation particulière. Mais le chef de l'Etat a tenu bon, refusant toute modification, et lançant : “Je suis le président de la délégation officielle et je parle au nom du Liban.” La question des armes du Hezbollah est un des sujets controversés en discussion, dans le cadre du dialogue interlibanais entamé le 2 mars.