La “grande coalition” entre conservateurs et chrétiens-démocrates était sur toutes les lèvres samedi en Allemagne, une coalition que le chancelier Gerhard Schröder comme sa rivale conservatrice Angela Merkel, se verraient bien, chacun, diriger. La presse était unanime à voir dans la coalition entre les Unions chrétiennes (CDU-CSU) d'Angela Merkel et le Parti social-démocrate (SPD) de Gerhard Schröder, la seule alternative après la réunion infructueuse, vendredi, entre conservateurs et Verts. De nombreux analystes spéculaient depuis les élections du 18 septembre sur les chances d'une coalition entre conservateurs, libéraux et Verts, c'est-à-dire “noire-jaune-verte”. Autrement dit la “coalition jamaïcaine”. “La Jamaïque reste aux Caraïbes”, titre le journal proche des Verts Tageszeitung. “Il ne reste plus que la grande coalition”, ajoute le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung. Alors qu'une majorité relative de 45% d'Allemands était favorable à un tel scénario, la presse était divisée quant à l'efficacité de cette sorte de cohabitation à l'allemande, expérimentée une seule fois de 1966 à 1969. “Un gouvernement qui ne doit pas craindre le Bundesrat, est de toute façon une meilleure option qu'un gouvernement, certes, disposé à prendre son élan mais incapable de marquer”, estimait le Süddeutsche. La presse conservatrice était plus circonspecte. Dans une grande coalition, notait Die Welt, le SPD “se verra comme partie de l'opposition et s'opposera à tout changement” d'autant qu'il est “talonné par le parti de gauche”, quatrième force politique du pays. Conservateurs et sociaux-démocrates, qui ont recueilli ensemble 69,5% des suffrages aux législatives, doivent se retrouver mercredi et ainsi poursuivre leurs consultations exploratoires, avant éventuellement d' entamer des négociations sur le programme et la composition du gouvernement. Mais, près d'une semaine après le scrutin, Angela Merkel comme Gerhard Schröder continuaient de revendiquer la chancellerie : le première, au motif légitime que les conservateurs sont arrivés en tête, le second, en affirmant qu'il est le seul à même de mener des réformes dans le pays. Angela Merkel a été réélue à la quasi-unanimité à la tête du groupe parlementaire conservateur et dispose donc pour le moment du soutien de son parti, dont nombre de “barons” sont de plus en plus agacés par l'attitude du chancelier, décriée aussi dans la presse. Chez les sociaux-démocrates, l'idée d'un gouvernement sans Schröder commence à faire son chemin : il faut “d'abord vérifier, ce qui est possible au niveau des contenus ; après, on verra avec qui ça va. Il ne faut jamais dire jamais à un gouvernement sans Schröder”, a ainsi dit le ministre-président social-démocrate de Rhénanie-Palatinat, Kurt Beck, vice-président du SPD. Vu l'impasse, de nouvelles spéculations, d'inspiration géographique, nourrissent la chronique.