L'ONU veut se donner le temps nécessaire pour aboutir à un accord global en Libye, tout en mettant la pression sur les Libyens pour prendre en main leur destin, loin de toute ingérence étrangère et considération personnelle, politique ou tribale. Le dialogue interlibyen inclusif de Tunis débutera aujourd'hui, par visioconférence, a annoncé hier la Mission d'appui de l'ONU pour la Libye (Manul) dans un communiqué, publiant au passage la liste des 100 représentants libyens qui devraient y prendre part. "La représentante spéciale par intérim du secrétaire général et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) Stephanie Williams a annonce le lancement du Forum de dialogue politique libyen, qui organisera sa première réunion virtuelle sur lundi 26 octobre 2020 (aujourd'hui : ndlr)", lit-on dans le communiqué publié sur le site de la mission onusienne, précisant que "la réunion directe en personne du LPDF (dialogue interlibyen : ndlr) débutera le 9 novembre 2020 dans la capitale tunisienne", comme cela avait été annoncé il y a quelques jours. Les participants à ce dialogue sont issus "de différentes circonscriptions, sur la base des principes d'inclusivité, de représentation géographique, ethnique, politique, tribale et sociale équitable", a insisté la Manul, soulignant que des représentants du Parlement de Tobrouk et du Haut conseil d'Etat ont été conviés à cette première séance de discussion, incluant aussi de nombreuses femmes, de jeunes Libyens et des membres issus des minorités. L'annonce du début de ce dialogue intervient au lendemain de la conclusion d'un accord de cessez-le-feu permanent et à effet immédiat, dont la signature a eu lieu vendredi à Genève (Suisse), dans le cadre des discussions de la Commission militaire mixte (5+5). Cet accord est indispensable pour passer à la deuxième phase du dialogue interlibyen, tel que recommandé par la Conférence de Berlin du 19 janvier dernier. Car, le Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli) a conditionné sa participation à un tel dialogue par le retrait des troupes du général Khalifa Haftar de l'ouest libyen et par la fin de l'agression militaire contre la capitale libyenne. Pour rappel, le cessez-le-feu signé vendredi a permis aussi l'ouverture de deux importants ports pétroliers en Libye, après la levée de "l'état de force majeure" par la société nationale libyenne du pétrole (NOC). Mais la prudence est de mise concernant le respect de l'accord de cessez-le-feu, maintes fois violé par Khalifa Haftar, replongeant chaque fois la Libye dans la spirale de la violence depuis neuf ans. Aussi, de nombreux sujets sont au cœur de la bataille politique, à commencer par le projet de la nouvelle Constitution qui tarde à voir le jour, en raison de frictions entre les députés et du poids des rivalités tribales qui minent ce pays. Même si de nombreux acteurs libyens doutent de la fiabilité du cessez-le-feu et du dialogue mené sous l'égide de l'ONU, ils ont toutefois conscience qu'il n'existe pas d'autres alternatives pour sortir leur pays de l'impasse. Outre l'argument sécuritaire, il y a aussi l'urgence économique et sociale qui les oblige à revenir à la table des négociations.