La reprise des vols entre Tripoli et Benghazi est un des signes annonciateurs d'un arrêt des hostilités entre les autorités est et ouest de la Libye, en prévision du dialogue interlibyen inclusif prévu à Tunis en novembre, sous l'égide de l'ONU. Les discussions de la commission militaire mixte (5+5), qui sont à leur troisième jour à Genève (Suisse), semblent bien avancer, à en croire les propos de l'envoyée spéciale par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams. La diplomate américaine, représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies et cheffe de la Manul (Mission d'appui des Nations unies en Libye), a évoqué lors d'un point de presse un climat "de sérieux et d'engagement" de la part des parties libyennes, qui sont à leur 4e round de négociations dans le cadre de cette commission issue de la Déclaration de Berlin du 19 janvier 2020. "C'est leur pays et la Libye est pour les Libyens. C'est pour cela que je reste très optimiste sur le fait que les parties ici vont arriver à atteindre un cessez-le-feu plus durable et permanent", a-t-elle expliqué, annonçant plusieurs accords concrets, dont "l'ouverture des voies terrestres qui connectent toutes les régions et villes de Libye". Elle a précisé que les deux parties s'étaient mises d'accord pour "mettre sur pied des dispositifs de sécurité conjoints" pour assurer l'ouverture de ces voies. L'accord porte notamment sur les liaisons entre al-Choueref, Sebha et Mourzouk, d'Abou Grein à al-Joufra et la route côtière de Misrata à Syrte et jusqu'à Ajdabiya. Les deux parties ont aussi demandé aux autorités de l'aviation civile de "prendre toutes les mesures nécessaires pour ouvrir ces liaisons aériennes le plus vite possible". Ces décisions "vont avoir un impact direct et concret sur la vie des Libyens", a affirmé Mme Williams, à un moment "où les conditions socio-économiques dans le pays se détériorent et, bien sûr, la pandémie de Covid-19 augmente exponentiellement dans le pays". Les deux parties se sont également mises d'accord pour accroître la production de pétrole, en demandant aux commandants des forces rivales "de travailler directement avec le représentant de la National Oil Corporation (NOC, la compagnie pétrolière publique) pour proposer une restructuration des gardes des installations pétrolières afin d'augmenter la production de pétrole et d'en garantir l'écoulement". Selon Bloomberg, la production a déjà atteint les 150 000 barils par jours après avoir été réduite à quelques milliers durant ces dernières années, en raison des violences opposant le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA, Tripoli) à l'homme fort de l'est de la Libye, Khalifa Haftar, qui avait accepté mi-septembre de lever, sous conditions, le blocus imposé par ses forces sur les sites pétroliers depuis janvier, pour tenter d'obtenir un partage équitable des recettes pétrolières. Ce blocage a d'ailleurs causé plus de 9,8 milliards de dollars de pertes de revenus, selon la NOC.