Les capacités de production installées du secteur de la chaussure sont évaluéee à 48 millions de paires par an, alors que la production réelle moyenne oscille autour de 12,240 millions de paires par an. Secoué par une crise économique qui a duré plusieurs années à la suite de l'ouverture du marché national à la concurrence extérieure, la filière chaussure à Médéa est en train de remonter progressivement la pente, en tentant de regagner sa place au niveau local et de s'essayer à l'exportation en tentant de placer ses produits sur les marchés africain et européen. C'est dans l'objectif de la relance de ce secteur que des efforts sont déployés pour créer un pôle industriel dédié à la chaussure comme suggéré par les professionnels, un projet qui a trouvé un écho favorable auprès des autorités et qui a été soutenu par le ministre du Commerce qui a déclaré, à l'occasion de sa dernière visite dans la wilaya, apporter son soutien à l'initiative pour satisfaire les besoins du marché algérien et pour mettre la chaussure médéenne sur les marchés extérieurs. La situation de l'industrie de la chaussure et les conditions de réalisation du projet du pôle industriel, dont l'idée a été lancée il y a une dizaine d'années, en 2011 plus exactement, sont expliquées par le directeur et le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Médéa. Un héritage ancien Côté statistiques, le secteur de la chaussure dans la wilaya de Médéa compte pas moins de 370 unités de fabrication de chaussures, dont 343 unités appartenant à des personnes physiques et 27 unités appartenant à des personnes morales, selon les données fournies par les services de l'antenne locale du CNRC (Centre national du registre du commerce). L'activité de la chaussure est un héritage ancien à Médéa qui a toujours fait la réputation de la ville ayant des clients qui viennent de partout pour s'approvisionner en chaussures. C'est une activité qui participe pour une grande part à la création d'emploi, faisant vivre des centaines de familles, selon M. Abdelhakim Fechit, directeur de la CCI. Cependant, les fabriques de chaussures sont dans leur majorité localisées à l'intérieur du périmètre urbain, faute d'existence d'une zone d'activité, a-t-il souligné. Elles sont souvent l'objet de contrôles et de mesures de fermeture prononcées par les services de l'environnement de la wilaya, en sus des problèmes commerciaux et d'écoulement du fait de la concurrence de la chaussure importée, a précisé M. Fechit. L'importance des capacités de production installées du secteur de la chaussure, qui compte quelque 191 moyennes entreprises de fabrication de chaussures, est évaluée à 48 millions de paires par an, alors que la production réelle moyenne oscille autour de 12,240 millions de paires par an. En ce qui concerne la production de semelles en plastique, le secteur compte 28 manufactures d'une capacité théorique de 122,5 millions de paires pour une production réelle moyenne de 49 millions de paires par an. Il convient d'indiquer que la production du secteur artisanal, qui ne recense pas moins de 101 unités inscrites au registre du commerce, n'est pas comptabilisée dans les statistiques disponibles de la CCI, ainsi que la production écoulée à travers les circuits informels. Pour le directeur de la CCI, la relance de l'industrie de la chaussure a besoin d'un accompagnement pour permettre au fabricant de connaître les différentes procédures concernant l'inscription auprès de l'Inapi (Institut national algérien de la propriété industrielle) pour protéger sa marque et bénéficier de formations dans les métiers de modélisme, de stylisme, d'exportation, de marketing... Dans le cadre des formations aux métiers de l'export organisées par la CCI dont 42 chefs d'entreprise ont bénéficié, 4 ont pu réaliser d'importantes opérations d'exportation vers des pays africains. La condition à remplir pour une véritable relance du secteur de la chaussure est la création d'une zone d'activité ou cluster, c'est-à-dire une réorganisation de l'activité et la délocalisation des unités implantées à l'intérieur du périmètre urbain, dira M. Mohamed Benrekia, président de la CCI. Pour le même responsable, le projet de création n'a pu aboutir faute de disponibilité de terrain pouvant accueillir un grand nombre de fabriques disposant des commodités nécessaires et des voies d'accès et qui ne serait pas éloigné de la ville pour faciliter le recrutement d'une main-d'œuvre qualifiée. Mais, de l'avis du président de la CCI, les exportations sont le point de mire des opérateurs locaux pour augmenter le volume des ventes à l'étranger, après plusieurs opérations commerciales en 2018 et 2019 en direction des pays africains, notamment la Tanzanie, la Tunisie, la Mauritanie et même la Turquie, pour des montants globaux de 54 929,70 euros et 78 629,40 dollars. "Médéa possède tous les atouts pour devenir un pôle industriel, eu égard à son tissu de fabriques de chaussures et de cuir et sa localisation stratégique, située à la porte du Sud et de la Transsaharienne menant vers les pays africains", avait déclaré le ministre du Commerce, Kamel Rezig, lors de sa dernière visite dans la wilaya de Médéa. Ce dernier avait demandé aux responsables locaux de la CCI et de la direction du commerce d'"accompagner la profession pour l'accomplissement des formalités réglementaires concernant la marque déposée et pour la mise en place du code-barres dans l'objectif de gagner la bataille du marché intérieur. Et c'est aussi le préalable pour gagner la bataille des marchés extérieurs, notamment la région Afrique avec 52 Etats". Ainsi, le projet de création d'un pôle spécialisé dans la fabrication de chaussures et des activités des peaux et cuirs dans un cluster par la mobilisation du potentiel existant est lancé dans la perspective d'élargir la gamme des produits à la production de vestes, de sacs, de cartables, etc. Un secteur impacté par la crise sanitaire Tout comme les autres secteurs d'activité, l'industrie de la chaussure a subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire qui a impacté la production de la quasi-totalité des fabriques qui ont été obligées de mettre au chômage leurs ouvriers. Toutes les entreprises locales ont subi les effets néfastes de la crise sanitaire. Elles ont été contraintes de fermer leurs portes et de libérer leurs employés, d'autant plus que ce sont des entités qui travaillent sur le court terme, sans démarche prospective ou de stratégie de croissance, selon le président de la CCI. De ce fait, a-t-il dit, elles ont été forcées de donner congé dès le début de l'épidémie à plus de 10 000 ouvriers, dont la majorité est constituée d'une main-d'œuvre payée à la journée. Après un arrêt qui a paralysé l'activité de la fabrication de chaussures, la situation du secteur est, selon ce responsable, en train de s'améliorer après la reprise de la production qui montera en cadence dans les mois à venir.