Le gouvernement compte imposer le confinement ciblé dans les régions et les localités qui enregistrent une incidence de contaminations très élevée. En réaction à la dernière alerte donnée par le Comité scientifique de suivi de la pandémie de coronavirus et les blouses blanches qui sont sur le front de la lutte contre la maladie, le gouvernement s'apprête à annoncer de nouvelles mesures sanitaires extrêmes. L'annonce devra vraisemblablement intervenir aujourd'hui jeudi. Des mesures sanitaires drastiques qui visent à diminuer, un tant soit peu, l'effet de la pandémie de Covid-19 qui est repartie à la hausse à une vitesse vertigineuse. La barre fatidique des 500 nouvelles contaminations confirmées par la PCR, qui a été largement franchie hier montre que le pays s'apprête à affronter une nouvelle crise sanitaire induite par la Covid-19. La pandémie connaît une augmentation de plus de 100 cas en 48 heures seulement, soit un niveau très inquiétant, voire menaçant. Cette grave crise, si elle venait à s'inscrire dans la durée, risque de provoquer l'affaissement hospitalier, puisque les immunologues avertissent depuis quelques jours que le nombre de malades confirmés par scanner (TDM), qui ne sont pas officiellement comptabilisés par l'instance de veille, s'avère être beaucoup plus élevé que celui des cas testés par la PCR. Des sources proches de la cellule de veille et de suivi de l'évolution de l'épidémie au niveau de la chefferie du gouvernement nous ont affirmé que le Premier ministre Abdelaziz Djerad ne tardera pas à prendre des dispositions urgentes et drastiques au vu de la grave crise sanitaire qui menace certaines régions du pays. Le Premier ministre a ainsi décidé d'accentuer les mesures de restriction pour espérer casser la dynamique épidémique actuelle. Le gouvernement compte imposer le confinement ciblé dans les régions et les localités qui enregistrent un taux de contaminations très élevé. Il est question d'un confinement territorialement limité dans le temps et ponctué par un couvre-feu dont la durée sera aussi limitée. "Les pouvoirs publics agiront en fait au cas par cas. Le confinement territorial sera décrété par commune ou bien par daïra, ou encore par wilaya, en fonction du nombre de cas enregistrés par jour. Il sera difficile de l'imposer par commune. Le confinement ciblé sera organisé par daïra ou par wilaya. La durée de mise en quarantaine territoriale de la population sera limitée à 10 ou 15 jours avec un couvre-feu de 15h au lendemain matin 7h", ont expliqué nos sources. La finalité de cette mesure, qui s'apparente à un confinement ciblé "aménagé", est de parvenir à réduire le transit des citoyens et, du coup, stopper l'élan de la pandémie. Aussi, le gouvernement envisage de hausser le ton et de sévir contre les réfractaires qui violent, au vu et au su de tous, les règles et les mesures barrières de prévention et de protection. "La sanction contre les récalcitrants sera conséquente et à la hauteur du relâchement commis", ajoutent nos sources. L'explosion des chiffres d'infection par le coronavirus s'explique en partie par le relâchement et le comportement incrédule des citoyens qui deviennent par, conséquent, de potentiels contaminateurs. Pour reprendre aussi le contrôle de la situation sanitaire, les pouvoirs publics interdiront formellement tous les rassemblements festifs, politiques ou autres. Il faut, néanmoins, avouer que cette mesure d'interdiction a cassé durant les mois de juin et de juillet la courbe des contaminations lorsque les pics avaient atteint les 600 cas en 24 heures. Mais quelle efficacité faut-il attendre de ces mesures si des moyens conséquents ne suivent pas la stratégie arrêtée depuis le 21 mars dernier ? Le dernier "constat rapport" sanitaire dressé par les membres du Comité scientifique était sans appel. Les experts et même les médecins en première ligne de la lutte craignent dans les prochains jours une nouvelle flambée des contagions. Ils appréhendent, en fait, que "la deuxième vague qui ne dit pas son nom soit pire que la première". Ils redoutent, par conséquent, des scénarios à la limite de la catastrophe telle que celle vécue par l'Europe, puisque le personnel soignant de certains hôpitaux du pays a déjà commencé à lancer des SOS. "Des places d'hospitalisation sont devenues chères en ces temps de Covid-19", ironise un accompagnateur d'un patient positif qui fait depuis trois jours le tour des hôpitaux d'Alger pour dénicher une place, mais en vain. L'heure est vraiment grave. Les médecins réanimateurs avouent qu'ils font face à une tension "terrible". Signalons, enfin, que le Premier ministre compte organiser une réunion technique avec les membres du Comité scientifique et des représentants sanitaires pour réfléchir à une nouvelle réorganisation de la lutte anti-Covid-19, notamment en termes de capacité d'hospitalisation et de coordination entre les services et les hôpitaux sur les plans de la logistique et de la mobilisation du personnel soignant. Hanafi H.