Fraîchement diplômés de l'université, une soixantaine de jeunes ont opté pour l'investissement dans la production de la vigne. Plus de 7 milliards de centimes ont été déboursés tout au long des cinq derrières années. Résultat : un véritable fiasco ! Les jeunes concessionnaires accusent la GCA de les avoir arnaqués et exigent réparation. De jeunes universitaires, qui croyaient avoir résolu leur problème de chômage, se sont rendu compte, après cinq années de dur labeur, qu'ils ont été arnaqués par la Générale des concessions agricoles (GCA) de Dréan. Ils sont en tout 67 concessionnaires agricoles ayant opté pour le travail de la terre dans la commune de Dréan, 50 km de wilaya d'El Tarf. Ils avaient constitué un dossier en bonne et due forme qui fut accepté par l'organisme chargé des concessions agricoles. Sur les 67 bénéficiaires, 23 d'entre eux lancent un cri de détresse. De la vigne de cuve au lieu de la vigne de table La raison ? Ils se sont rendu compte que la GCA avec qui le marché a été conclu les a tout simplement arnaqués en leur vendant des plants de mauvaise qualité. Plus de 7 milliards de centimes d'investissement sont partis en fumée. En effet, ayant choisi d'investir dans la vigne, ils avaient acheté 160 000 plants de vignes censés être de la vigne de table. Mais arrivés au terme de la production, après cinq ans de durs efforts, nos concessionnaires se sont rendu compte que les plants qui leur ont été livrés par cet organisme étaient des vignes de cuve, de surcroît de mauvaise qualité, et non des vignes de table comme cela avait été conclu initialement. Depuis plus de 3 mois, ils sont ballottés d'un organisme à un autre pour obtenir réparation. Même les autorités qui ont été contactées ne daignent pas répondre. Ces jeunes, fraîchement sortis de l'université, se retrouvent aujourd'hui endettés jusqu'au cou. Les victimes, au nombre de 23, ont entamé dernièrement une grève de la faim après avoir observé un sit-in devant le siège de la GCA de Dréan. Ils comptent mener leur action jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. D'autant que l'expertise effectuée a confirmé cette arnaque. Une grande arnaque qui pourrait toucher d'autres concessionnaires qui ont bénéficié d'assiettes dans plusieurs communes et autres régions du pays, nous apprennent les délégués des 23 premiers concessionnaires. Enquêtes et action en justice Le président de l'association des concessionnaires ne mâche pas ses mots : “Les concessionnaires sont victimes d'une arnaque où l'on a la certitude qu'il y avait des complicités au niveau local. Enfin, nous avons perdu 5 ans de travail au terme de beaucoup de sacrifices.” Pour rappel, cette association de concessionnaires a été officiellement créée en 2001. Samedi dernier, c'est une autre commission d'un niveau supérieur qui a eu à constater l'ampleur des dommages. Les représentants de la GCA (nationaux et locaux), l'entreprise réalisatrice, de l'Institut technique d'agriculture fruitière (Itaf-Skikda) et ceux des services agricoles ont relevé qu'au lieu de se faire livrer les variétés de Beyrouth, Cardinal, Alphonse et La Valée, ce sont les variétés de raisin de cuve Cabernet Sauvignon, Syrah et Pinot que leur a livrées la GCA qui s'approvisionne auprès d'Agro-Seddik, qui a importé d'Italie des plants dûment certifiés par le Centre national de contrôle et de certification (Cncc). En tout état de cause, le préjudice causé est énorme pour ces jeunes qui n'ont pas les moyens de l'amortir. “Après 5 ans, nous sommes revenus à la case départ. Tout simplement des chômeurs potentiels”, nous confie un groupe. La justice a été saisie de l'affaire et a déjà convoqué les plaignants pour le 5 octobre prochain. C'est à elle de se prononcer pour déterminer les responsabilités. Il y a eu magouille qui a fortement marqué des jeunes universitaires qui croyaient fort en la réussite de leur projet. Les parties impliquées observent un silence radio. Quant à la Chambre d'agriculture, elle doit intervenir pour que ces jeunes soient au moins indemnisés dans l'immédiat. Tahar Boudjemaa