Le non-lieu décidé en mars dernier par la Cour suprême en faveur de l'ancien ministre des Transports, Amar Tou, n'est surtout pas du goût de la défense des directeurs de l'Etusa, notamment. Les avocats des deux directeurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger se sont interrogés, en effet, sur l'absence d'Amar Tou, ancien ministre des Transports (2008-2013), au procès. Dans leurs plaidoiries, ils ont rappelé que la décision des autorités d'acquérir 300 nouveaux bus au profit de l'Etusa auprès de la SNVI a été prise lors d'un conseil interministériel tenu en 2011 et que M. Tou était ministre du secteur. "Il est tout de même étonnant que le premier responsable du secteur à l'époque des faits soit absent au procès", ont insisté les avocats de MM. Belmiloud et Krim. Pour ces avocats, "en 2011, le gouvernement pouvait opter pour la libre importation et acquérir des bus à un coût très inférieur à celui qu'a proposé la SNVI", ont-ils défendu. Pour Me Imessaoudène, "les DG de l'Etusa ne sont aucunement responsables de cette décision", rappelant qu'Abdelkader Benmiloud, alors DG de l'Etusa, a interpellé les autorités sur la nécessité de renforcer les capacités de l'entreprise en bus, car "plusieurs quartiers de la capitale n'étaient pas desservis". Abordant le contrat avec l'entreprise appartenant au groupe Tahkout, il a souligné que "les bus de l'Etusa coûtaient 36 000 DA/jour, alors que les bus affrétés chez Tahkout coûtaient 19 000 DA/jour". À noter que ces deux DG, dont l'actuel, sont accusés de "conflit d'intérêts", "octroi d'indus avantages", "mauvaise utilisation de la fonction", etc. Pour les avocats de l'Office national des œuvres universitaires (Onou) poursuivis également dans le cadre des contrats signés avec l'entreprise Tahkout, "le même cahier des charges décrié est toujours appliqué". Ils ont révélé que ce même cahier des charges "à cause duquel des responsables de l'Office sont en prison" vient d'être "utilisé pour conclure un marché de transport des étudiants avec l'entreprise de Tahkout ce mois de novembre". "Pourquoi incarcérer des responsables à cause d'un cahier des charges et le garder pour la conclusion des contrats en ce moment ?", s'est interrogé un avocat, avant de préciser que ce même cahier des charges "a été imposé" à plus d'une dizaine de directeurs. "Les correspondances envoyées aux directeurs des œuvres universitaires les sommant de travailler en fonction de ce cahier des charges, dit unifié, restent la preuve irréfutable que ces directeurs n'ont fait qu'appliquer une décision venue de leur hiérarchie", ont ajouté les avocats, qui ont demandé la relaxe de leur mandant, expliquant que "des directeurs ont agi en toute conscience pour préserver l'argent du peuple".