Les membres de l'Opep et ses partenaires, Russie en tête, tiendront, aujourd'hui, une réunion par visioconférence pour, éventuellement, modifier l'accord sur la limitation de la production pétrolière, en envisageant une baisse de l'offre de 5,8 millions à compter de janvier 2021. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, y est favorable. "Avec le consensus de tous, nous pourrions naviguer avec cet accord et l'ajuster en fonction de ce que l'avenir nous réserve", a, en effet, indiqué son ministre de l'Energie, le prince Abdel Aziz ben Salmane, lors d'une conférence virtuelle organisée, la semaine passée, par les Emirats arabes unis. "Les membres de l'Opep+ sont d'accord sur le principe d'ajuster les accords", a-t-il ajouté sans donner plus de détails, mais en soulignant que la stratégie mise en place "permettait de stabiliser les marchés, malgré la nouvelle propagation du coronavirus en Europe". Ainsi, l'Opep et ses alliés, ne disposant pas d'autres leviers, ne peuvent agir que sur l'offre, en la réduisant encore davantage, face à une demande déclinante. Effectivement, la consommation de pétrole suit, depuis plusieurs mois, une tendance nettement orientée à la baisse, sous l'effet de la crise sanitaire. Selon des chiffres qu'elle a établis, l'OCDE, par exemple, consommait "50 millions de barils par jour en 2010". Elle ne consomme aujourd'hui que "46 millions de barils par jour". La Chine, qui est devenue le deuxième plus gros consommateur de pétrole au monde — elle consomme un peu plus de 14% de la consommation mondiale —, peut-elle remplacer l'OCDE ? L'économie mondiale étant en crise, il est évident que la demande pétrolière mondiale ne peut pas reprendre. Et tant que la faiblesse de la demande persistera, les prix du pétrole demeureront bas. Outre la pandémie de coronavirus dont on ne sait pas comment elle va évoluer, d'autres facteurs pourraient influer défavorablement sur les cours. L'élection de Joe Biden en est un. Elle devrait permettre le retour de l'Iran — un pays disposant d'importantes réserves pétrolières — sur la scène énergétique. Cela conduirait inévitablement à une augmentation de l'offre pétrolière de l'Opep et, partant, à une pression sur les prix. Avant le retour des sanctions américaines en 2018, l'Iran exportait plus de 2,5 millions de barils par jour. Au mois de juin dernier, le pays n'exportait que 300 à 650 000 barils de pétrole par jour, ce qui représentait le chargement d'un gros navire pétrolier tous les deux à trois jours. À l'offre iranienne, il faut ajouter celle libyenne qui exerce également une pression sur le marché. La production de ce pays a atteint 1 million de barils par jour début novembre, se rapprochant des plus hauts constatés depuis 2013. La Libye, tout comme l'Iran, est exemptée des mesures de réduction prises par l'Opep+. Cependant, ses pairs de l'Alliance lui avaient demandé d'établir une production qui fait sens dans l'objectif de pouvoir obtenir des ressources stables et pérennes, et de reconstruire un pays dévasté et déchiré par la guerre.