Etant donné la gravité de la deuxième vague, une partie du personnel hospitalier de prise en charge des malades chroniques a été réaffectée à la lutte contre le coronavirus. En raison de la pandémie de coronavirus et du plan d'action de lutte mis en place par les autorités sanitaires, les malades chroniques, dont les diabétiques, ne bénéficient pas des soins qu'ils sont en droit d'attendre des établissements hospitaliers. C'est ce que Mme Khedidja Mokaddem, docteur en psychologie et maître de recherches au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, a déploré lors d'une journée d'étude virtuelle organisée ce 14 novembre, à l'occasion de la Journée mondiale du diabète. Dans une brève allocution intitulée "Impact de la pandémie sur la prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques", diffusée sur Youtube et sur la page Facebook du Crasc, Khedidja Mokaddem a constaté que la peur de la propagation de la Covid-19 et les actions de lutte contre la pandémie ont grandement perturbé le fonctionnement des services des maladies chroniques dans les établissements hospitaliers. Etant donné la gravité de cette deuxième vague, une partie du personnel hospitalier de prise en charge des malades chroniques a été réaffectée à la lutte contre le coronavirus, selon un plan d'action établi par les autorités sanitaires. Ce qui a dégarni les services des maladies chroniques et entraîné, selon la chercheuse, une sérieuse perturbation dans le processus de prise en charge des patients et l'annulation des soins programmés ; situation aggravée par la fermeture de certaines cliniques, le manque de médicaments et le dysfonctionnement dans le secteur du transport. La lutte contre la Covid-19, qui relègue ainsi au second plan la prise en charge des malades chroniques, peut provoquer une dégradation de leur état de santé, estime Khedidja Mokaddem, qui s'interroge sur les stratégies alternatives prévues par le système de santé algérien pour assurer la poursuite des soins en faveur des malades chroniques. Une interrogation qui semble d'autant plus pertinente que le malade chronique, qu'il souffre de diabète, d'hypertension artérielle, d'obésité ou de maladies cardiovasculaires, est le plus susceptible d'être contaminé par le virus qui peut se révéler mortel. Lahmer Miloud, également maître de recherche au Crasc, a rappelé dans son intervention que le diabète est une des comorbidités les plus présentes chez les personnes atteintes de coronavirus dans le monde (plus de 21%). Le chercheur a également rappelé que cette maladie constitue un facteur de risque de décès lié à la Covid-19 (entre 2 et 15% de formes sévères et jusqu'à 50% dans les formes critiques ont succombé au virus). Lahmer Miloud a aussi assuré que le confinement aggravait l'état anxiogène et dépressif des diabétiques. Le Dr Seddiki Ahmed, maître de recherche au Crasc, a, lui, évoqué les conséquences de la Covid-19 sur le diabète (déséquilibre glycémique, déshydratation...) et souligné la nécessité de dépister la maladie chez les personnes atteintes de coronavirus. La journée d'étude virtuelle a été organisée par le Crasc, en partenariat avec l'association Santé au travail, sécurité, hygiène et environnement d'Aïn Témouchent, sous le slogan "Le personnel infirmier marque la différence". Une dizaine de spécialistes sont intervenus sur différents sujets liés au diabète, tels que le diabète et la grossesse, les troubles trophiques chez le diabétique, l'acidocétose diabétique chez l'enfant ..., dans des enregistrements vidéo disponibles sur la page Facebook du Crasc.