Beaucoup de boutiquiers, rencontrés lundi 16 novembre dans les rues commerçantes du centre-ville, qualifient la décision du gouvernement d'"irresponsable" et d'"improvisée". Prises très tard dans la soirée de dimanche 16 novembre, les nouvelles dispositions supplémentaires de renforcement des mesures de prévention et de protection, annoncées par le gouvernement suite à l'aggravation de la situation épidémique dans le pays, qui risque de devenir incontrôlable en raison du nombre sans cesse croissant des personnes contaminées, de la saturation des établissements hospitaliers et des conditions de travail de plus en plus difficiles pour les praticiens de la santé, suscitent la colère des commerçants concernés par la nouvelle mesure qui les oblige à fermer leurs locaux commerciaux à partir de 15h pour une période de quinze jours. Rencontrés hier dans les rues commerçantes du centre-ville de Constantine, beaucoup de boutiquiers crient à la perte et qualifient la décision d'"irresponsable" et d'"improvisée". "Aujourd'hui, nous sommes au bord du gouffre. Beaucoup d'entre nous mettront la clé sous le paillasson si ces mesures persistent. Personnellement, j'ai toujours travaillé dans le respect strict des mesures de prévention. J'exige de mes clients le port de la bavette et je limite leur nombre à deux dans le magasin. Nous rencontrons déjà d'énormes difficultés financières et nous revoilà maintenant à la case départ", s'époumone Lamine, responsable d'un magasin d'électroménagers et d'articles de maison. Dénonçant une "erreur manifeste" du gouvernement, Lyès, gérant d'un restaurant au boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), lance : "Nous sommes très déçus et nous ne comprenons pas pourquoi on nous force à limiter notre temps d'activité alors qu'il a été démontré que le virus ne se diffuse pas dans nos commerces." "Je n'arrête pas d'encaisser des pertes considérables. Comment je vais faire pour assurer les salaires mensuels de mes trente travailleurs dans ces conditions ?", s'inquiète-t-il, estimant que "fermer les petits commerces n'est certainement pas la solution, Je ne suis pas sûr que ce soit dans ces lieux que le virus se transmet". De son côté, Rachid, pâtissier, ne cache pas sa colère et sa déception vis-à-vis ce reconfinement partiel. "Nous ne sommes pas contre la préservation des vies humaines ni contre les décisions de l'Etat, mais ce genre de décision nous plonge dans un avenir noir. Nous nous trouvons dans une situation très difficile, nos revenus ne cessent de baisser. J'espère que les autorités prendront nos doléances en considération. Nous aussi, nous avons des familles à nourrir", lâche-t-il. Par ailleurs, plusieurs citoyens rencontrés dans la rue ont affiché leur mécontentement vis-à-vis ces nouvelles mesures gouvernementales. "C'est des mesures insensées, qui n'aident pas en tout cas à endiguer la propagation du virus. En plus, cela pose d'énormes problèmes aux personnes qui terminent leur travail après 16h et qui font généralement leurs courses après", fulmine Sakina, une employée à la banque. "Je connais des commerçants qui offraient même des bavettes gratuites à leurs clients et avaient tout mis en place pour le respect des mesures de prévention. Ces commerçants ont payé pour une erreur qui n'est pas la leur", soutient Younès, un trentenaire. Signalons que les cafés, restaurants et fast-foods doivent limiter leurs activités uniquement à la vente à emporter et doivent également se soumettre à l'obligation de fermeture à partir de 15h. Inès Boukhalfa