Dans le souci d'apporter des éclairages en données nécessaires à la prise en compte des réalités régionales et nationales en matière de préservation de l'eau, l'université d'Oran Es Sénia a organisé, dimanche passé, une journée internationale sur la thématique de “La gestion environnementale de l'eau et développement durable”. Cette manifestation qui entre dans le cadre de la mise en œuvre de la convention générale de coopération, entre l'université d'Es Sénia (Algérie) et de la faculté universitaire de Gemboux (Belgique), a permis aux participants universitaires et aux opérateurs économiques régionaux du secteur de l'eau d'échanger leurs expériences et approches dans la gestion et le traitement et la conservation environnementale de ces ressources vitales pour un développement durable. C'est dans cet état d'esprit que le Dr Hassini Tsaki, doyen du département de biologie et membre du laboratoire de recherche de surveillance de l'environnement, a axé son intervention sur la collaboration scientifique euro-algérienne. “En l'absence d'une stratégie nationale cohérente et devant le plus souvent réagir rapidement à des situations aiguës (…) les autorités et les collectivités qui ont la charge de la gestion de l'eau ont géré au coup par coup, et dans l'urgence le plus souvent, l'adduction à l'eau potable et la mise en place du réseau d'assainissement dont les conséquences immédiates ont été désastreuses”, dira H. Tsaki. Selon lui, la non-maîtrise des rejets des eaux usées par les collectivités ou services spécialisés conduisent inéluctablement à la provocation de sinistres écologiques programmés. “Des troubles sanitaires graves se posent d'une manière chronique aujourd'hui aux pouvoirs publics et à la collectivité nationale par l'émergence de maladies à transmission hydriques (MTH, toxi-infections, typhoïde, méningite et parfois le choléra), entraînant souvent une forte mortalité et des dépenses publiques pour enrayer la mal”, a affirmé l'orateur. L'on comprendra aisément les inquiétudes du Dr Tsaki qui énumère un constat chiffré. Ces troubles sanitaires graves ont engendré des pertes importantes en vies humaines, soit 457 décès en 1986 par le choléra avec des dépenses qui ont atteint le seuil de un milliard de dinars. Le même montant a été débloqué pour traiter l'épidémie de typhoïde de Dergana, en 1991/1992, sans compter l'épidémie de Aïn Taya (1995) qui a fait plus de 1 000 victimes et de celle de Oued R'hiou (Relizane) de 1997, qui a nécessité pour son traitement un montant qui a largement dépassé le budget de fonctionnement de tout un secteur sanitaire de cette localité. Dans cet ordre d'idées, sur la cinquantaine de stations d'épuration des eaux usées (Step) que compte notre pays, seulement une dizaine sont réellement fonctionnelles. Car, si ces installations, coûteuses, ont été réalisées grâce à un effort en crédits étatiques, beaucoup reste à faire par les collectivités locales pour leur bon fonctionnement. Pour sa part, le professeur Jean-Marie Marcoen de l'université de Fusag (Belgique), “l'exemple de la gestion environnementale de l'eau dans une région de Waillonie” a été le thème de sa communication qui a touché aux aspects techniques de la gestion de l'eau dans cette partie de la Belgique. Il a notamment insisté sur le caractère européen de la production et de la distribution de l'eau dans son pays. “Nous tirons 90% de notre eau des nappes souterraines qui sont directement gérées par des organismes d'encadrement liés à tous les acteurs du cycle de l'eau, de la formation et de la recherche en matière de lutte contre la pollution de l'eau”, a précisé M. Marcoen. Mais, c'est aussi grâce à une gestion rigoureuse que la problématique de la gestion de l'eau a pu être solutionnée en Wallonie. Selon l'intervenant wallon, “tous les outils de gestion et de coordination de l'eau sont entre les mains de la Société de protection et de gestion de l'eau (Spge) qui gère le précieux liquide au nom du gouvernement wallon”. Dans ce contexte, on apprendra que c'est une commission consultative des eaux qui donne son avis sur toute question relative à la protection de l'eau ainsi qu'à sa distribution. En définitive, même si la rareté de l'eau en Algérie est une donnée admise, il n'en reste pas moins que l'eau n'a pas de prix. Ainsi, pour 1/200 000 de population mondiale, notre pays n'a en dotation que 1/1 000 000e des ressources mondiales en eau douce utile. Le citoyen algérien ne dispose donc que de 1/5 000 de la quantité moyenne mondiale par habitant, c'est-à-dire un peu moins que la petite région de Wallonie. B. Ghrissi