Le détenu Abdellah Benaoum devrait retrouver les siens le 10 décembre prochain après une détention préventive mouvementée qui aura duré près d'une année. Jugé jeudi dernier par le tribunal criminel de Relizane pour "atteinte au moral de l'armée, atteinte à l'intégrité du territoire national, incitation à attroupement et outrage aux institutions de l'Etat", l'activiste a été condamné à une année de prison ferme, le tribunal criminel ayant décidé de l'acquitter pour les deux premiers chefs d'inculpation. Il faut souligner que le ministère public lui-même n'était pas convaincu du bien-fondé des charges criminelles retenues contre Benaoum, lui qui a requis "l'application de la loi pour ne pas dire l'acquittement" pour les deux premiers chefs d'inculpation avant de réclamer une année de prison pour les autres accusations. À la barre, Abdellah Benaoum, qui se remet d'une lourde opération au cœur subie, il y a quelques jours, à l'hôpital Mustapha-Pacha à Alger, a rejeté les charges qui pesaient sur lui en affirmant que le dossier de l'accusation a été monté sur la base d'"une lecture sécuritaire d'un acte politique". Autrement dit, son interpellation et son placement sous mandat de dépôt en décembre 2019 "ne reposent sur aucune assise juridique puisqu'il n'a fait qu'exercer son droit d'exprimer une opinion politique, droit garanti par toutes les lois de la République", se défendait-il. Les sept avocats de la défense, qui se sont déplacés depuis plusieurs wilayas du pays pour défendre la cause d'Abdellah Benaoum, ont plaidé l'acquittement pur et simple de leur mandant en articulant leurs plaidoiries autour de la "vacuité du dossier d'accusation, qui n'apporte aucun élément de preuve soutenant les charges retenues et l'illégalité de poursuites judiciaires engagées contre un citoyen dont le seul tort est d'avoir exprimé des positions politiques". Depuis sa mise en détention provisoire en décembre 2019, Abdellah Benaoum et ses avocats ont introduits plusieurs demandes de liberté provisoire, afin que l'activiste puisse bénéficier d'une prise en charge médicale. Peine perdue, toutes les requêtes ont été rejetées jusqu'au mois d'octobre dernier, qui a vu le Parquet général de Relizane admettre la nécessité d'une opération chirurgicale que plusieurs médecins ont qualifiée d'urgente. Et c'est ainsi que le détenu a été transféré à Alger pour être opéré, selon son souhait, par son médecin traitant, le Dr Salim Benkheda. Mais le parquet s'est tout de même fendu d'un communiqué — une première — dans lequel il a notamment dénoncé l'accusation de non-assistance à personne en danger proférée par la défense lors des différents rejets de demandes de liberté provisoire pour raison de santé, et assuré que le prévenu bénéficiait d'un suivi médical à l'infirmerie de la prison d'Oran où il était détenu. Rappelons que des militants des droits humains, des associations de défense des droits de l'homme et des activistes du mouvement Hirak ont lancé des appels à la libération d'Abdellah Benaoum, injustement incarcéré pour ses opinions.