les partis, notamment le FLN, le RND et TAJ, tout comme les partis islamistes, à l'instar du mouvement El-Bina, se complaisent dans un silence autant assourdissant qu'énigmatique. Plus de quarante-huit heures après les déclarations du président français, Emmanuel Macron, sur l'Algérie, les partis du pouvoir ou évoluant dans sa périphérie observent un mutisme pour le moins intrigant. Aucune réaction n'est enregistrée pour l'heure. Ni de leur part ni du côté officiel, si l'on excepte celle de l'ONM. Si prompts d'ordinaire à saisir la moindre occasion pour s'ériger en gardiens du temple du "nationalisme et du souverainisme", les partis, notamment le FLN, le RND et TAJ, tout comme les partis islamistes, à l'instar du mouvement El-Bina, se complaisent dans un silence autant assourdissant qu'énigmatique. Pourtant, le contenu de l'entretien accordé par le président français au magazine Jeune Afrique, paru vendredi, assimilé par plus d'un observateur à "une grave ingérence" dans les affaires internes de l'Algérie, ne les aurait, en d'autres circonstances, pas confinés au silence. Une attitude similaire est observée aussi chez les organisations satellites, dont les animateurs se bousculent d'habitude au portillon des chaînes TV offshore, tolérées par l'Etat algérien, pour se livrer à la surenchère à chaque fois qu'il est question d'agiter la... main de l'étranger, de crier au complot contre la nation ou d'amplifier des menaces qui pèseraient sur le pays. Une agitation dans le but évident de faire diversion sur les revendications politiques, sociales et économiques des Algériens. On se souvient d'ailleurs du zèle et de la promptitude avec lesquels le FLN, le RND et TAJ avaient réagi à la résolution du Parlement européen, votée en novembre 2019, en faveur du mouvement populaire en Algérie et condamnant la répression et l'emprisonnement des manifestants pacifiques du Hirak. Les groupes parlementaires des trois partis, ainsi que les présidents des deux Chambres (APN-Sénat), en l'occurrence Slimane Chenine et Salah Goudjil, avaient dénoncé, faut-il sans doute le rappeler, une "ingérence flagrante dans les affaires internes" de l'Algérie, en qualifiant ladite résolution de "provocation à l'encontre du peuple algérien". Même l'Organisation nationale des enfants des chouhada (Onec) n'avait pas manqué l'occasion de joindre sa voix à ces "prétendus" gardiens du temple pour exprimer son "regret" et crier sa "colère" à la face du Parlement européen. Mais cette propension à l'indignation de "conjoncture" n'est pas spécifique aux partis traditionnels du pouvoir. Ce type d'agitation "saisonnière" est largement partagé aussi par la mouvance islamiste. L'été passé, Abderrezak Makri, Abdelkader Bengrina et Abdellah Djaballah, pour ne citer que quelques figures de cette nébuleuse, avaient accusé de "subordination à la France" tous ceux qui ne partageaient pas la dimension islamiste "exclusive" qu'ils voulaient imprimer à la nouvelle Constitution. Et aujourd'hui encore, les partisans d'un ordre moral nouveau s'emploient à interdire la langue française dans les institutions étatiques et les administrations publiques, et militent carrément en faveur du retrait de son enseignement à l'école. Exemple illustratif : le ministre fraîchement installé du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, El-Hachemi Djaâboub, membre dirigeant du MSP — mais en bisbille avec son parti depuis sa nomination —, qui a décidé de supprimer l'utilisation de la langue française dans tous les services rattachés à son département. À l'inverse, les partis et les mouvements progressistes et démocrates, qui ne s'inscrivent pas forcément dans cette logique "rétrograde", sont accusés de "traîtrise" et de "hizb frança" (parti de la France) par ceux-là mêmes qui, aujourd'hui, restent mutiques devant les "injonctions" d'Emmanuel Macron sur la "transition en Algérie". Mais les choses ont peut-être le mérite d'être claires, cette fois-ci...