L'ancienne équipe à la tête de cette commune de la wilaya de Bouira a lancé un projet de canalisation de cet oued ayant coûté à la collectivité quelque 17 milliards de centimes. Cinq ans après, il a suffi d'une crue pour que l'ouvrage prenne eau de toutes parts. L'oued, appelé communément Tighzert, qui traverse sur près d'un kilomètre le chef-lieu communal de Bechloul, sis à 18 km à l'est de Bouira, est devenu le réceptacle de toutes sortes de déchets. Des quantités importantes d'ordures ménagères y sont jetées. Ainsi, le lit de l'oued, qui, faut-il le rappeler, se situe à proximité des habitations, reçoit la totalité des eaux usées provenant du réseau d'assainissement de la commune. L'image est repoussante. La puanteur est sentie parfois à des dizaines de mètres à la ronde. Les habitants de la cité 80-Logements font face à cette réalité depuis plus d'une année. Le lit de l'oued est devenu un véritable marécage. Les opérations de curage ne suffisent pas pour éradiquer la pollution et les autres nuisances. "Il nous arrive parfois de sentir les mauvaises odeurs de nos maisons. Durant l'été, le quartier est infesté de moustiques et de rats. La pollution de la rivière constitue une réelle menace sur la santé. Nos enfants courent un grand danger. Nous avons interpellé les autorités locales depuis plusieurs mois sur le cas de cette rivière, aucune mesure d'urgence n'a été prise", a déclaré un habitant de la cité. Les citoyens de la commune sont aussi confrontés de façon permanente au désagrément que génère la saleté de l'oued. Et cette situation perdure depuis plusieurs années. Tout a commencé quand le réseau d'assainissement de la commune a été refait. Le président de l'APC de l'époque ne semblait pas mesurer la gravité de la situation en laissant l'entreprise en charge du projet faire de cette rivière le lieu de déversement de toutes les eaux usées du chef-lieu communal. Le projet, qui a coûté au Trésor public une bagatelle de près de 22 milliards de centimes, avait été bâclé et les habitants de la ville n'ont de cesse de s'interroger sur le rôle des services techniques. Tout ce budget n'aura servi à rien. Lors d'une visite qu'il a effectuée récemment à Bechloul, le chef de l'exécutif de wilaya a été interpellé par un habitant du quartier sur le problème des eaux usées qui sont déversées au cœur même du chef-lieu communal. Selon l'actuel P/APC, Abdelkader Ammouche, le wali a donné son accord pour le lancement de l'étude dans le but de délocaliser le réseau d'assainissement et de faire en sorte que les rejets soient effectués loin des agglomérations. Au problème de la pollution s'ajoute le risque d'inondation. Tighzert est connu aussi pour sa crue débordante. La menace s'accentue davantage avec les quantités importantes de déchets que l'on trouve dans le lit de l'oued. Plusieurs requêtes ont été adressées par les habitants aux pouvoirs publics. Les habitants des quartiers qui se trouvent à proximité de l'oued craignent pour leur vie, surtout en cas de fortes pluies, d'autant plus que les murs de soutènement qui ont été construits pour faire face à la crue risquent de s'effondrer. Outre les habitations, la route nationale n°5 et la voie ferrée risquent d'être coupées à la circulation en cas d'intempérie. La menace d'inondation concerne également la zone d'activité qui se trouve en aval de l'oued. Après l'inondation de l'automne 1998 qui a fait un mort et des dizaines de familles sinistrées, les autorités de l'époque avaient lancé un projet de canalisation de la rivière et une enveloppe de près de 17 milliards de centimes avait été débloquée. Cependant, cinq ans après l'achèvement des travaux, une crue a dévoilé l'arnaque. Une partie du mur a cédé après le passage d'un orage. Les citoyens ont donc découvert des murs de soutènement réalisés sans ferraillage. Le projet en entier a été bâclé par l'entreprise, sans qu'aucun service technique daigne intervenir. En 2008, l'ex- wali Ali Bouguerra avait ordonné le dépôt d'une plainte contre l'entreprise pour non-respect des clauses du cahier des charges. La plainte demeure sans suite. Pour réparer la partie effondrée du mur, la commune a procédé à la pose d'un gabion. Une solution provisoire qui dure depuis plus de dix ans. Dans le but d'atténuer la crue de Tighzert, les services des ressources en eau ont réalisé une étude qui consiste à construire des digues en béton en amont de la rivière, d'après le P/APC de Bechloul. En attendant un nouveau projet de canalisation de cet oued qui sera réalisé dans le respect total des normes en vigueur, la menace pèse sur la population et les usines implantées dans la zone d'activité.