L'envoyée spéciale de Bush au Moyen- Orient, pour essayer de rehausser l'image des Etats-Unis, rentrera certainement bredouille. Les doléances de Washington n'ont pas reçu l'accueil souhaité par la Maison Blanche ni par les dirigeants de cette région et, surtout, pas les représentants de ses sociétés civiles. Là où elle passée, la sous-secrétaire d'Etat américaine, Karen Hughes, s'est vue rabrouer par ses hôtes qui lui ont brandi la Palestine, Abou Ghraïb, Guantanamo et même le projet GMO qui devait assurer la transition vers la démocratie, du Maroc au Pakistan. En tournée en Egypte, Arabie Saoudite et Turquie, la sous-secrétaire encaisse, depuis dimanche, les griefs du monde arabo-musulman vis-à-vis de l'Amérique, alors qu'elle a pris soin de se faire accompagner par des personnalités américaines originaires de cette région pour vanter l'intégration et la réussite et gommer le parti pris américain contre cette région, ses populations et leur religion dominante. Les reproches sont adressés sur un ton poli et plein de déférence, bien que les ressentiments contre l'Amérique de Bush sont multiples et vifs. Aucune manifestation, aucun slogan et aucune action violente alors qu'auparavant, des manifestations anti-américaines ont plu, malgré les interdictions de gouvernements. Est-ce le signe d'un reflux de la violence ou l'expression d'une perte d'audience des islamistes, pour qui l'anti-américanisme est un fond de commerce. Son périple a commencé au Caire et à Djedda où elle a débattu avec des étudiantes en hidjab sur la situation des femmes en terre d'islam et où elle a reçu une volée de bois vert pour la haine dont fait preuve son pays à l'égard des musulmans. La sous-secrétaire a admis que c'est un “défi énorme” alors qu'en Egypte, des observateurs ont qualifié sa mission d'impossible. La Texane pensait convaincre avec des techniques de communication éprouvées, répétant les mêmes phrases, simplifiant les messages et se présentant tout sourire comme une “maman qui travaille !” Sa petite phrase, répétée de forum en forum, sur Bush, premier président américain à s'être prononcé en faveur d'un Etat palestinien indépendant, n'a pas suffit. Les populations reprochent à Washington son alignement inconditionnel sur Israël, tandis que les régimes souhaitent une meilleure protection. D. Bouatta