Les délégués des archs antidialoguistes entendent marquer de leur empreinte le référendum sur “la charte pour la paix et la réconciliation nationale” qui se tiendra aujourd'hui en tablant sur “zéro vote” en Kabylie. Ils n'ont aucun doute que leur appel au boycott massif trouvera un écho favorable, et le mot d'ordre de grève générale le jour du scrutin sera suivi. “Il n'y aura pas de vote dans la région. Les opportunistes n'auront pas le courage d'aller voter”, affirme catégorique Rabah Boucetta, délégué de Boumerdès, lors d'une conférence animée, hier, au siège d'El Watan, en compagnie de Zahir Benkhellat (Béjaïa), Hocine Mammeri (Tizi Ouzou) et Djamel Abbas (Bouira). Aussi les antidialoguistes ont-ils déployé une armada d'arguments pour expliquer leur rejet du projet de réconciliation nationale. Un projet qui, à les écouter, consacrera l'alliance entre “les militaires et les islamistes sur le dos des démocrates”. “Après le 29, nous aurons un gouvernement à majorité islamiste. Ce que le FIS n'a pu arracher avec les armes, Bouteflika veut l'imposer par la fraude électorale”, prévient Rabah Boucetta. “Au lieu de se réconcilier avec soi, Bouteflika a préféré provoquer le divorce entre la Kabylie et le pouvoir”, ajoute Zahir Benkhellat en s'indignant : “C'est pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante qu'un président de la République consacre l'impunité comme mode de gouvernance. Bien plus, il veut privatiser l'Algérie.” Outrés par les déclarations de Bouteflika sur la non-officialisation de tamazight à partir de Constantine, les délégués antidialoguistes n'ont pas manqué de charger les dialoguistes menés par Abrika qualifiés de “lieutenants d'Ouyahia”. “Des camarades ont violé le code de l'honneur et brisé le consensus. Le dialogue vise à diviser le mouvement et non pas à trouver une solution à la crise. Bouteflika a levé toute équivoque. Il a disqualifié Ouyahia, ses lieutenants et leurs sponsors politiques”, affirme Benkhellat. Pour eux, pas un seul point de la plate-forme d'El-Kseur n'est satisfait et aucun acquis, en dehors de ceux arrachés par l'équipe d'Allilouche, n'est à mettre à l'actif du groupe d'Abrika. “Je défie quiconque à me citer un seul”, s'écrie Boucetta. Et de les accuser de faire dans “le populisme et la promotion sociale”. Evoquant la situation en Kabylie, Mammeri a dénoncé “une entreprise de démolition visant les traditions démocratiques et les valeurs” de la Kabylie présentée comme “le dernier rempart de la contestation”. “Seuls ceux qui s'inscrivent dans la ligne officielle sont tolérés. Les autres, ils sont automatiquement disqualifiés.” Tout comme il n'a pas manqué de signaler le danger des listes communes à l'occasion des élections partielles du 24 novembre. “Ouyahia veut construire son avenir politique sur l'affrontement kabylo-kabyle et la dislocation de la Kabylie”, accuse-t-il encore. En ce qui les concerne eux, ils ne comptent pas prétendre à un mandat car le code de l'honneur l'interdit. Mais ils ne veulent pas tourner le dos à une tradition du mouvement qui veut qu'à l'approche de chaque échéance, des pourparlers sont engagés avec les partis de la mouvance démocratique. “Une commission est installée et prendra incessamment langue avec les partis du camp démocratique. Elle fera un compte rendu à l'occasion d'un conclave interwilayas qui se tiendra à Bouira pendant le Ramadhan. À cette occasion, on engagera des discussions avec les partis pour sortir avec une perspective à même de faire aboutir notre combat”, explique Benkhellat. Et de lancer un appel aux partis de la mouvance démocratique à s'unir. “Car si la Kabylie est normalisée, c'est tout l'espoir démocratique qui est enterré.” ARAB CHIH