Le froid glacial qui s'est installé depuis le début du mois de décembre a causé énormément de désagréments à la quasi-totalité des habitants de la commune d'Aït Yahia Moussa, dans le sud de la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, dans cette commune rurale où plus de 70% des foyers ne sont pas encore alimentés en gaz naturel, les habitants se sont rués sur le gaz butane pour se chauffer. Une situation qui n'a pas été sans générer des tensions sur ce produit quasiment abandonné dans les autres localités de la wilaya. "Dans notre village, il n'y a plus un dépôt de bonbonnes de gaz butane. Les dépositaires ont tous déposé leur registre. Ce sont quelques commerçants qui s'approvisionnent au niveau des stations Naftal de Draâ El-Mizan et de Tizi-Gheniff. En ces temps de grand froid, les bonbonnes de gaz butane se font rares", explique un habitant du village Tafoughalt, dont la population s'élève à plus de 5 000 habitants, mais qui n'est pas encore raccordé au gaz naturel en raison des oppositions et du retard dans les travaux de réalisation de la conduite principale dite de transport. Selon ce villageois, la tension sur le gaz butane fait que, depuis quelques jours, la bonbonne de gaz est revendue à 300 DA, alors que son prix officiel n'est que de 200 DA. "En tout cas, avant que l'hiver ne s'installe, il faudra remplir toutes les bonbonnes dont on dispose, car dès que le froid est là ce combustible n'est pas toujours disponible", explique-t-il. Dans les autres villages et hameaux de la commune, la situation est plus compliquée en raison de leur enclavement. "Nous vivons un calvaire au quotidien car dans notre hameau il n'y a qu'un seul commerçant qui revend ces bonbonnes de gaz. Il faudra, donc, attendre à chaque fois un éventuel dépositaire de passage vers Timezrit, dans la wilaya de Boumerdès, dans l'espoir de lui ‘arracher' une ou deux bonbonnes de gaz sur le CW 152 qui traverse notre localité", a confié un habitant d'Ivouhrène. Dans tous les villages du versant ouest du chef-lieu communal d'Aït Yahia Moussa, le constat est le même. Ainsi, on recourt à la débrouille pour pouvoir se chauffer et passer l'hiver au chaud. Certes, certains recourent aux appareils électriques. Mais cela leur revient encore plus cher. À défaut de gaz naturel ou de gaz butane, les habitants de ces villages se chauffent à l'ancienne. "Pour le moment, nous continuons à nous chauffer au bois sec. Si certains le cherchent dans les buissons et les forêts voisines, d'autres sont contraints de l'acheter", dit un habitant de Tachtiouine. "Même ce combustible n'est pas à la portée de tous, surtout quand il s'agit de personnes âgées. Une benne de tracteur remplie de morceaux de bois coûte entre 6 000 et 7 000 DA. Et quand l'hiver est rude, il faudra dépenser plus de 12 000 DA", souligne un autre habitant du village Afir. En été, les villageois achètent de l'eau et en hiver c'est le bois de chauffage, mettant ainsi à rude épreuve leur budget déjà maigre. Cela étant, cette situation est loin d'être résolue parce que l'alimentation de ces nombreux villages, allant de Tafoughalt, en passant par Tachtiouine, Ath Attela, Ivouhrène et Chérifi, n'est pas pour demain pour diverses raisons. Il faudra tout d'abord que les trois postes de détente du projet de gaz naturel soient livrés et que la conduite principale lancée à partir de Tizi-Gheniff arrive jusqu'à Afir. À signaler que pour le moment Ath Rahmoune, le chef-lieu communal, Aït Moh Kaci, Imzoughène et le versant d'Iâllalen sont alimentés provisoirement à partir de M'kira et de Aïn Zaouïa. À rappeler que le projet d'alimentation de cette municipalité en gaz naturel a été lancé en 2012.