Le président de l'APW, qui fait l'objet de deux plaintes, comparaîtra le 22 décembre prochain devant le tribunal de Béjaïa. Coup de théâtre à l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Béjaïa. Les membres de l'APW ont dû suspendre "temporairement" les travaux de leur session ordinaire, ouverte hier, pour "dénoncer l'acharnement judiciaire contre des citoyens, des élus locaux et du président de l'APW qui fait objet de deux plaintes". En effet, dès l'ouverture des travaux de cette session, vers 12h, le chef de groupe des élus indépendants, Zahir Attouche, qui se réclame de l'Union démocratique et sociale (UDS, non agréé), fait lecture d'une déclaration qui sera approuvée par la majorité des membres présents, à travers laquelle, ils tiennent à "dénoncer avec la plus grande fermeté la judiciarisation de l'acte politique tant à l'échelle nationale que wilayale". Dans leur résolution rendue publique, hier, les élus de l'APW pointent "les emprisonnements à l'encontre des militants politiques, des journalistes, des syndicalistes et des étudiants qui, depuis le 16 février 2019, luttent avec détermination et pacifiquement, aux côtés des Algériennes et des Algériens, pour le changement radical du système". Dénonçant "les tentatives d'étouffement de toute voix critique aux activités de l'exécutif de la wilaya", les signataires dudit document qualifient les plaintes "systématiques" des autorités contre leurs auteurs sur les réseaux sociaux de "véritable chasse aux sorcières". Ainsi, ils s'élèvent contre "l'acharnement judiciaire" à l'encontre des élus du peuple pour leurs positions politiques et "le recours abusif à leur suspension", citant au passage, le cas du président de l'APW, M'henna Haddadou, qui fait l'objet de deux plaintes et qui comparaîtra le 22 décembre prochain devant le tribunal de Béjaïa, et dont le seul objectif est de "déstabiliser nos instances élues", a-t-on estimé. Par ailleurs, les élus protestataires se disent "déterminés, plus que jamais, à résister devant cet arbitraire, et de continuer à travailler, sans relâche, pour le développement de notre wilaya, malgré tous les obstacles dressés". Pour sa part, le P/APW notera dans son discours d'ouverture de cette session plénière qu'"il est très clair que nous sommes face à des dérives autoritaires graves en termes de liberté, elles visent à accentuer les injustices et provoquer ainsi l'explosion". "Dans cette Algérie nouvelle, on assiste à l'instrumentalisation de la justice par l'exécutif, notamment à Béjaïa, où ils poursuivent les citoyens, les militants, les maires, les élus et, bien plus, le P/APW, pour avoir exprimé des opinions politiques", a-t-il dénoncé. On l'informera, à ce titre, de sa comparution, le 22 décembre prochain, devant le juge de la cour de Béjaïa pour des accusations d'"outrages". Selon ses dires, les faits remontent à 2018, lorsque des élus APW, APC et des parlementaires se sont déplacés au quartier de Sidi Ahmed, sur les hauteurs de la ville des Hammadites, pour répondre aux "cris de détresse" d'un groupe de citoyens menacés d'expulsion de leur domicile. "La solidarité est une valeur ancrée dans notre engagement politique et notre combat est en faveur d'une justice pour tous. Je suis conscient que la lutte contre la mafia politico-financière est un combat ardu, qui dérange, mais cette mission noble est indispensable pour sauver l'Etat, sa cohésion et protéger les intérêts des populations et de la nation. Leurs intimidations et leurs provocations renforcent notre conviction et notre détermination à œuvrer plus pour construire notre Etat et à déconstruire votre système", a soutenu M. Haddadou. L'orateur appellera l'ensemble des élus et la société à "s'investir davantage sur le terrain de l'organisation politique pour un avenir démocratique, prospère et de justice sociale". Dans un communiqué rendu public, la direction nationale du FFS a condamné "avec la plus grande vigueur" la convocation du P/APW de Béjaïa et néanmoins secrétaire national chargé aux élus dans cette affaire "orchestrée de toutes pièces". Le FFS "exige la levée immédiate des poursuites" contre le PAPW et s'insurge contre l'arbitraire et l'injustice dont sont victimes beaucoup de ses élus et P/APC, auxquels il exprime son "soutien entier et sa solidarité indéfectible". Par ailleurs, il faut préciser que le groupe d'élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé de boycotter carrément les travaux de cette session ordinaire, en signe de protestation contre ce qu'il qualifie de "mépris" envers les élus du peuple.