Résumé : Anissa rejoint Nedjmeddine au restaurant. La discussion tourne autour de lui, de son travail. Il n'est pas ingénieur, mais dans la sécurité. Il lui apprend avoir été réconforté la famille d'un ami mort dans un accident. Nedjmeddine est devenu très grave. -Alors, comme ça, tu es Oranaise. -Oui, et toi ? -Je viens d'un village, d'un hameau dont le nom n'existe pas sur la carte géographique. Tout en goûtant à leur déjeuner, Nedjmeddine lui raconte le quotidien des jeunes où seule la misère leur est offerte. L'hameau est perché sur une colline sur les hauteurs du Djurdjura. La forêt avoisinante permet aux habitants d'y mener leurs troupeaux de moutons. Bergers, malgré eux. D'autres tiennent des poulaillers, à l'âge où d'autres vont au lycée. Certaines familles vivent de l'agriculture. Lorsque la saison est bonne, les récoltes prennent plusieurs semaines. C'est aussi cette période où les querelles éclatent entre pères difficiles et les fils récalcitrants, ceux qui refusent de participer au fauchage du blé lorsqu'ils ne gardent pas les troupeaux durant toute la journée, parfois jusqu'au coucher du soleil. Ces jeunes sont parfois mis à la porte lorsqu'ils refusent de céder, préférant passer la nuit à la belle étoile que de se soumettre aux exigences de leurs parents. Les conditions de vie des gens de la montagne sont dures. Ces jeunes révoltés veulent une vie différente de celles de leurs parents. Et ces jeunes ont tenu à quitter leur village pour changer leur vie, leur destin. Depuis tous petits, ils refusent de vivre dans la misère, à supporter ces souffrances quotidiennes, voulant être maîtres de leur destinée. Nedjmeddine fait partie de ces jeunes qui sont partis pour réussir leurs vies, pour avoir un avenir meilleur et pouvoir prendre soin de ses parents que la vie a durement éprouvés. Nedjmeddine s'est engagé dans la police en 1988, quelques jours après les évènements d'octobre. Il aime son travail qui lui permet d'être le soutien de famille qui vit dignement depuis son engagement. Il sera toujours reconnaissant envers celui qui l'avait soutenu et guidé à son arrivée à Alger. Après avoir passé un concours auquel il a réussi, il a suivi une formation pendant quelques mois avant d'être affecté à Blida. Il a pu se faire des amis parmi les collègues et les citoyens qui le côtoient chaque jour. Nedjmeddine en a beaucoup sur le cœur. Il est très triste d'avoir perdu son ami et aussi parce qu'il quittera bientôt Blida pour Chlef. Il y a un mois, il a reçu son affectation, après avoir pris du grade. Depuis peu, il est commissaire de police. Il a quelques jours de congé, du temps pour préparer son départ. -Je prendrai mes nouvelles fonctions dans deux semaines, lui confie-t-il. Je rentre profiter de ma famille. J'ai encore du temps pour préparer mon départ. -Donc, tu ne reviendras pas tout de suite ?, dit Anissa, une fois qu'il a terminé de lui raconter sa vie passée et celle à venir. -Dès que j'aurais une semaine, je viendrais la passer à Oran, lui promet-il. D'ici là, on gardera contact par téléphone. On se tiendra au courant. Si tu y tiens, bien sûr. -Je t'attendrais. Anissa le lui promet. On annonce son vol. Ils n'ont pas vu le temps passer.Tout en l'accompagnant à la salle d'attente, elle a le sentiment de laisser partir une partie d'elle-même. Même si elle vient de faire sa connaissance, elle a le sentiment que plus rien ne sera comme avant. Elle est sûre et persuadée qu'il est l'homme de sa vie, celui qu'elle a toujours attendu. -Ne sois pas triste, lui dit-il. On se reverra bientôt. Elle voudrait le retenir, mais la situation la dépasse. Nedjmeddine lui a promis de revenir. Elle allait l'attendre. S'il est vraiment l'homme de sa vie, il tiendra sa promesse et reviendra. Lorsqu'elle retourne à son poste, Sarah n'en revient pas. -Tu te mets dans cet état alors que tu le connais à peine ! Anissa soupire. Elle ne répond pas. Sa collègue et amie ne comprendrait jamais...
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